Retirer un peu de son argent déposé à la CNEP (caisse nationale d'épargne et de prévoyance), en cas de nécessité, est une opération qui relève, parfois, de l'impossible pour certains épargnants. « Pour me renouveler mon carnet, on m'a exigé un tout nouveau dossier avec extrait de naissance d'origine alors que je suis épargnante depuis plus de 30 ans », dira une cliente qui n'arrive pas à comprendre les raisons de cette « paperasserie ». Si un épargnant se retrouve dans cette situation et qu'il lui faut attendre plusieurs jours pour se faire délivrer un extrait de naissance original, c'est comme s'il n'avait pas d'argent de côté puisqu'il ne peut pas opérer de retrait. « J'ai des économies en dépôt, c'est mon argent qui est leur raison d'être et ils me poussent à aller emprunter, c'est impensable ! », se plaint, hors de lui, un autre épargnant. Autre motif pouvant vous laisser dans le besoin, durant plusieurs jours, malgré votre capital épargne : « Je viens de leur fournir un nouveau dossier et ils refusent de me délivrer un autre carnet sous prétexte que mon permis de conduire de plus de 10 ans n'est plus valide alors que je suis épargnant depuis plusieurs années et que je figure sur leur système informatique. Ils n'acceptent pas non plus le passeport ». Une procédure de secours pour ne pas laisser, dans de pareilles situations, des épargnants sur la sellette, relève-t-elle de l'impossible ? On apprendra, par contre, que dans certaines agences CNEP de la wilaya d'Oran, l'exigence d'un permis de conduire de moins de 10 ans n'est plus de mise depuis quelques temps. Existe-t-il plusieurs réglementations ? Autre contrariété imposée à l'épargnant par un organisme censé encourager l'épargne : « J'ai besoin de cette somme aujourd'hui, donnez moi mon argent », hurlait un épargnant dans une des agences de la ville d'Oran. Il a déposé une importante somme la veille et on lui refuse son retrait en totalité. « On peut vous remettre la moitié aujourd'hui et l'autre moitié demain », lui a-t-on lancé. Beaucoup d'épargnants ont laissé entendre qu'ils allaient déposer leur argent ailleurs ou tout bonnement le garder à la maison. Concernant le renouvellement des carnets, on est parvenu à apprendre que de nouveaux dossiers sont exigés parce qu'il s'agit d'un nouveau type de carnet : « ce sont des carnets à puce, la CNEP se modernise ». Des cartes DAB permettant d'opérer des retraits sur les distributeurs automatiques de billets seront, en même temps, délivrées aux détenteurs de ces nouveaux carnets. Cependant, toutes nos tentatives pour rentrer en contact avec un des responsables de la CNEP au niveau d'Oran n'ont pas abouti, et ce malgré la promesse d'être rappelé, faite par le secrétariat de direction. C'est aussi le cas, apprend-on, pour les épargnants qui ont tenu à dénoncer des mesures les privant de leur argent au moment où ils en ont le plus besoin (la rentrée scolaire, cette fois-ci). « A chaque fois qu'on demande de voir un responsable, on nous répond qu'il est en congé », déclarent-ils, ajoutant que des employés qui les connaissent fort bien et avec lesquels ils ont fini par sympathiser au cours de plusieurs années d'épargne ont, ces derniers temps, changé de comportement. « Certains agents nous ont confié que des instructions leur ont été données pour éviter toute familiarité avec les usagers ». Apparemment, tout semble aller à l'encontre des intérêts de l'épargnant et de l'« Epargne » puisque tout semble concourir à encourager, encore plus, un penchant, déjà fort accentué, à la thésaurisation.