Les dossiers déjà déposés seront traités par cette banque et, partant, la décision d'octroi de nouveaux prêts pour l'acquisition de modèles neuf sera prolongée. “La Cnep pourrait prolonger la formule d'octroi de crédit pour l'achat d'un véhicule jusqu'au 28 février prochain.” C'est ce que nous avons appris, hier, auprès d'une source proche du ministère des finances. La Cnep continuerait à recevoir de nouveaux dossiers de demande de crédit pour l'achat de véhicules jusqu'au 28 février prochain. Selon notre source, la Cnep est en train d'étudier toutes les possibilités pour prolonger la formule jusqu'à la veille du 1er mars prochain. La décision de suspendre l'octroi de crédits, prise récemment par la Cnep/Banque, a suscité de nombreuses réactions au sein des concessionnaires et des particuliers. Le moins que l'on puisse dire d'une telle mesure, c'est qu'elle n'est guère à propos d'autant que le produit en lui-même a boosté le marché de l'automobile et commencé à freiner le vieillissement du parc national. Contactée pour plus de précisions à ce sujet, une source proche de la Cnep n'a pas voulu se prononcer en précisant que rien n'a été décidé pour le moment. Juste après avoir subi les méfaits de la flambée de l'euro par rapport au dinar, ne voilà-t-il pas que les représentants des constructeurs étrangers perdent un des instruments qui leur a permis une hausse considérable de leurs ventes d'année en année. Si certains d'entre eux optent pour la position du “wait and see”, d'autres en revanche réfléchissent d'ores et déjà à des solutions afin d'appréhender au mieux cette nouvelle donne du terrain. C'est le cas de Renault qui qualifie cette suspension ou cette interdiction définitive — rien n'est encore clarifié — de “nouvelle donne du marché”. C'est un opérateur qui quitte le marché, avouera M. Mahdjoub, directeur de la communication de Renault, cédant sa place à d'autres qui prendront le relais. Le champ est donc ouvert à tous les établissements bancaires désireux d'investir ce créneau. Les prétendants à un prêt bancaire pour l'achat d'un véhicule seront ainsi réorientés vers d'autres institutions financières versées dans cette activité. La banque nationale d'Algérie (BNA) et le crédit populaire algérien (CPA), qui ont déjà mis en œuvre ce produit, semblent être les plus indiqués à prendre la place que laissera la Cnep pour peu qu'ils revoient à la baisse leurs taux d'intérêt. La banque El Baraka, qui a accordé quelque 12 000 crédits en 2004, saisira, elle aussi, cette chance pour arracher la clientèle “cédée” par la Cnep. À cela il y a lieu d'ajouter l'arrivée imminente de Cetelem, la filiale de Bnp-Paribas spécialisée dans le crédit à la consommation qui envisagerait cette formule. Frustration chez les particuliers et baisse des ventes La part de la Cnep dans cette opération est suffisamment importante pour qu'elle ait une incidence sur la situation du marché. Il est supposé, par conséquent, une régression du volume des ventes que réaliseront les concessionnaires. Renault a terminé l'année 2004 avec un volume de 22 098 ventes, dont 22%, soit 5 392 véhicules, vendus suivant la formule du crédit Cnep. Si les autres banques ne remplacent pas la caisse nationale d'épargne et de prévoyance, le concessionnaire s'attend, de ce fait, à une baisse dans ses volumes. Ce sont, ainsi, quelque 56 000 véhicules (équivalent en crédits accordés par la Cnep depuis le lancement de la formule il y a trois ans) qui seront déduits du volume global qu'atteindront durant le prochain exercice les concessionnaires. Il est estimé pour l'année dernière à environ 120 000 véhicules neufs vendus. Il faut, bien entendu, tenir compte du fait que le marché sera au moins aussi porteur qu'il l'a été en 2004. Cette activité sera ainsi dépourvue de l'un de ses “produits dopants” car la Cnep présente des avantages intéressants par rapport à ses consœurs. Il s'agit, en fait, de son réseau étoffé qui offre des prestations de proximité et des taux d'intérêt pratiques, à savoir 6,5% pour les épargnants et 7,75% pour les non-épargnants. Les délais de remboursement sont de 4 ans pour les particuliers et de 5 ans pour les achats groupés. L'autre incidence qu'engendrera cette mesure a trait au ralentissement du rythme de renouvellement du parc automobile national. Les gens ne vont pas procéder au changement de leurs véhicules et préféreront donc conserver leurs biens. Avec l'avènement du contrôle technique des véhicules, beaucoup de voitures ne pourront pas rouler. Quelles conséquences sur le marché ? D'aucuns s'interrogent sur les motifs qui ont poussé la caisse à résilier les conventions avec les concessionnaires. Certains observateurs avancent l'argument de reprise de la vocation initiale qui est le logement. D'autres parlent d'un problème de gestion et de fonctionnement de la formule. “Dommage ! Nous ferons en sorte, toutefois, de nous adapter à cette nouvelle donne du marché”, relèvera M. Mahdjoub qui n'écarte pas une éventuelle baisse du volume des ventes de Renault pour l'année prochaine à cause de cette décision. Son compatriote Peugeot avoue, selon la chargée de la presse, ne pas être à ce jour (jusqu'à mardi) destinataire d'un tel communiqué même s'il avoue entendre parler d'une “suspension et non pas d'une résiliation de la convention”. Pour cela, la direction a jugé utile de ne pas se prononcer pour le moment. Nissan, pour sa part, n'a pas hésité à exprimer sa déception à la suite de cette décision. Sur ses 2 190 ventes réalisées en 2004, plus de 25% l'ont été dans le cadre du crédit bancaire de la Cnep. Le groupe Achaïbou estime que la décision est inattendue car le produit bancaire a eu un franc succès. “C'est un arrêt subit. Un virage brusque”, lancera M. Oulamara, chargé de la communication.Ce responsable soulignera que la direction de la Cnep aurait pu resserrer, diminuer le nombre de bénéficiaires, être plus exigeante dans la sélection des dossiers… et ne pas supprimer de telle sorte la formule. Crédit Cnep : environ 30% des ventes des concessionnaires Les concessionnaires, indiquera-t-il, subiront de plein fouet les conséquences de cette mesure, d'autres parmi eux réviseront à la baisse leurs ambitions. Il faut impérativement que les autres établissements s'y impliquent, indiquera-t-il, pour compenser le vide laissé par la Cnep. M. Oulamara précise que 70% de tous les crédits reçus par les clients de Kia émanent de la Cnep. Le groupe, faut-il le souligner, a vendu environ 6 000 voitures de type Maruti. Contrairement à ce qui a été avancé par les autres concessionnaires, le représentant du groupe Achaïbou préfère parler de régression de l'évolution et non de baisse du volume des ventes. Le même topo est observé chez Citroën. Le concessionnaire attend toujours pour mieux voir. Sur les 6 000 ventes réalisées en 2004, 60% l'ont été par crédits. Par ailleurs, le chargé de la communication de la Cnep, M. Bounoua, rassure que les dossiers de demandes déjà engagés seront traités jusqu'au 28 février. Mais à compter du 1er mars, aucun dossier ne sera accepté par les agences Cnep. B. K.