La station climatique de Tala Guilef ne se relève pas des années de terrorisme qui avaient neutralisé toute vie touristique dans cette zone de montagne. Aucune plaque de signalisation n'indique le chemin vers Tala Guilef. Pour atteindre cette station climatique située sur le versant nord du Djurdjura, par Boghni (sud-ouest de Tizi Ouzou), les visiteurs empruntent la RN 30 B. Une trentaine de kilomètres sur une route sinueuse et défoncée. Bien que le calme soit revenu, ce haut lieu du tourisme de montagne perché à 1500 m d'altitude peine à retrouver l'animation d'antan. Le rush de vacanciers nationaux et étrangers vers cette enclave naturelle réputée jadis pour son climat, sa station de ski et ses infrastructures n'est qu'un lointain souvenir. Incendiés et saccagés par des terroristes en 1995, l'hôtel El Arz, l'auberge de jeunes, le restaurant l'Altitude et les téléskis sont à l'abandon. Deux décennies après, ce site occupé par l'armée est toujours interdit d'accès. «Zone militaire», «passage interdit», «Pas de camping», indiquent des panneaux plantés aux abords du campement de l'ANP. Pas la peine d'insister auprès du soldat posté devant le check -point. Sur la route menant vers la stèle des chouhada, des jeunes venus de Laghouat discutent à l'ombre d'un cèdre. Plus loin, un couple et des enfants immortalisent les paysages s'étalant à perte de vue et les singes magots sautillant sur les arbres. «J'ai connu Tala Guilef durant les années 1980. Beaucoup d'étrangers de différentes nationalités y venaient pour des vacances. Il y avait même des remontées mécaniques pour les amoureux des sports d'hiver. Dommage, rien n'a été entrepris pour reconstruire les lieux», confie Ameur, un informaticien natif de Naciria installé en Allemagne. Outre les dégâts matériels infligés aux installations touristiques lors de l'attaque terroriste, un autre coup dur est porté à l'environnement par des pollueurs. Des détritus et des canettes de bière tapissent les abords de la route principale. «J'en ramasse de gros sacs quotidiennement dans les bois», dit un jeune ouvrier saisonnier recruté par la Conservation des forêts. Un état des lieux peu reluisant de cette partie du Parc national du Djurdjura tant vantée dans les prospectus. La réhabilitation promise par les pouvoirs publics depuis 2005 tarde à se concrétiser. L'entreprise touristique (Egt) du centre est sur le projet, nous a indiqué le directeur local du tourisme. Un avis d'appel d'offres sera lancé en juillet prochain pour le choix de l'entreprise qui prendra en charge les travaux. Le télésiège sera également remis en service. Début février 2015, des responsables d'une entreprise polonaise (Elster) spécialisée dans le domaine des transports par câble qui se sont déplacés sur les lieux ont donné leur accord pour réceptionner le projet en cinq mois, a-t-on appris auprès de Rachid Ghedouchi. Il ajoute : «L'étude est en cours. Nous avons préparé le cahier des charges qui sera déposé à la commission des marchés publics de la wilaya. Il est indispensable de rendre fonctionnel d'ici 2016 ce télésiège qui boostera à coup sûr le tourisme climatique dans la région». Reste à espérer l'achèvement des travaux de réhabilitation de l'hôtel El Arz et les téléskis dans les délais impartis pour que Tala Guilef puisse enfin renaitre de ses cendres.