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«La fraude fiscale ne peut pas justifier le rejet de la monétique»
Mouatassem Boudiaf. Directeur général du GIE monétique
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2015

- Le GIE monétique a été créé il y a près d'une année. Qu'est-ce qui le différencie de la Satim ? Joue-t-il le rôle de régulateur ?
Le groupement a été créé pour prendre en charge toute la partie régulation de la monétique. Il n'y a pas de chevauchement avec ce qui est présumé être le périmètre de compétence de la Satim. Il faut rappeler que la Satim a été créée au départ pour prendre en charge la monétique dans son aspect commercial. D'ailleurs, c'est un organe à but lucratif, contrairement au GIE qui est à but non lucratif. Nous avons l'obligation de prendre en charge les aspects de la régulation, la promotion, la diffusion et la représentation du système monétique en Algérie et à l'égard des tiers à l'étranger.
- Vous avez indiqué que la plateforme actuelle hébergée par la Satim devait évoluer. De quelle manière ?
On s'apprête à s'approprier de nouveaux produits comme le paiement par internet, ou à terme le mobile paiement, les paiements sur GAB. Les fonctionnalités vont donc évoluer, mais comme nous allons diversifier les produits, la volumétrie est appelée à augmenter. A ce titre, on a besoin de rehausser la plateforme interbancaire, qui est hébergée aujourd'hui par délégation au niveau de la Satim, en bande passante, en volumétrie à prendre en charge et en fonctionnalités.
- La monétique pénètre encore mal le marché. Or, les porteurs de cartes et les commerçants estiment parfois que les coûts d'entrée et de transaction par carte bancaire sont dissuasifs. Qu'en pensez-vous ?
Nous avons deux types de coûts. La «commission commerçant» qui est supportée par le commerçant. Pour les transactions sur TPE, cette commission est de 2 DA pour toutes les transactions inférieures à 2000 DA et de 6 DA pour les transactions supérieures à 2000 DA, quel que soit leur montant. Je pense que ce sont des coûts marginaux, surtout si l'on s'adresse à cette population de commerçants qui est dans le formel et qui est ravie de voir ses guichets se désengorger.
Pour le paiement sur internet, c'est un paiement à valeur ajoutée dans le sens où il évitera aux commerçants de recevoir la clientèle en agence et permettre le paiement à distance. Les coûts pour ces transactions commencent à 10 DA pour les montants inférieurs à 2000 DA et sont plafonnés à 300 DA quel que soit le montant de la transaction. Ce sont des montants qui restent raisonnables, réalistes et acceptés par les commerçants.
- Au cours de votre intervention, vous avez indiqué que la monétique peut contribuer à la bancarisation de l'économie nationale. Cependant, vous estimez que le GIE s'attaque aujourd'hui au secteur formel avant de penser à l'informel…
Non. A ceux qui veulent faire valoir qu'une éventuelle évasion fiscale serait à l'origine du rejet du TPE par les commerçants, je dis non. Car la monétique concerne les deux populations. A partir de là, cet argument n'a aucune valeur. Je dis que le GIE monétique s'adresse à tout le monde. Mais on ne peut accepter un tel argument, vu que même le secteur formel refuse d'utiliser le TPE. Il faut donc chercher les raisons du refus ailleurs.
Je pense aussi que l'usage de la carte de paiement et sa généralisation nous permettront de réduire de manière considérable, à terme, la masse de la monnaie fiduciaire en circulation. Des ratios sont usités dans d'autres pays. En Italie, pays qui a du retard par rapport au reste de l'Europe, 50% des transactions sont couvertes par carte bancaire par opposition au fiduciaire.
- Vous avez indiqué que pour le paiement par mobile et carte sans contact, l'Algérie n'était pas encore prête. Ne pensez-vous pas que la familiarisation des Algériens aux smartphones et aux paiements en USSD et en peer-to-peer plaide plutôt pour ces modes de paiement ?
Je pense qu'on a besoin de se donner un peu plus de temps. Il faut savoir par contre que le paiement par internet va prendre naissance. De là, l'accès à des plates-formes internet peut se faire par mobile grâce à la 3G ou le wifi. Mais le mobile paiement à proprement dit, qui est un mode de paiement à part, n'est pas encore d'actualité. Nous avons encore besoin d'un certain nombre de textes et de se donner le temps de se préparer à ces nouveaux modes de paiement.


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