Après l'attaque meurtrière menée vendredi par un jeune homme qui a ouvert le feu sur une plage de l'hôtel Riu Imperial Marhaba, situé à l'est de la Tunisie, faisant 38 morts, les autorités tunisiennes tentent de trouver la parade pour sécuriser leurs nombreux sites touristiques au moment où elles sont confrontées à un essor de la mouvance djihadiste. Ainsi l'attaque de vendredi a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), affirmant que le djihadiste, identifié par les autorités comme Seifeddine Rezgui, né en 1992 et étudiant à Kairouan, avait tué «des sujets des Etats de l'alliance croisée», en allusion à la coalition internationale antidjihadistes menée par les Etats-Unis qui bombarde ses fiefs en Syrie et en Irak. Au lendemain de l'attaque sanglante, les ministres de l'Intérieur et du Tourisme ont examiné les moyens de protéger «les sites touristiques et les plages par des unités armées de la police», a détaillé le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, qui a par ailleurs reconnu que l'Etat ne pouvait «plus rester à l'écart de mesures difficiles» «Cela est coûteux, pour le ministère de l'Intérieur et pour le gouvernement, financièrement et humainement», a-t-il jugé en évoquant «au moins 1000 agents ont été mis à disposition des sites touristiques». Le ministre a, par ailleurs, assuré la détermination des autorités : «Nous sommes déterminés à protéger notre pays et à fournir la protection sécuritaire (nécessaire) en attendant de nous débarrasser définitivement du fléau du terrorisme», a encore affirmé M. Gharsalli. Une annonce qui fait suite aux déclarations du Premier ministre, Habib Essid, annonçant quelques heures après l'attaque la mise en place d'un plan «exceptionnel» et le déploiement «d'unités de la sécurité touristique, armées, le long du littoral ainsi qu'à l'intérieur des hôtels à partir du 1er juillet». Par ailleurs, le Conseil national de sécurité tunisien avait prévu de se réunir hier pour décider des «mesures complémentaires» à mettre en place après le massacre de vendredi. Ces mesures s'ajoutent à celles que les autorités cherchent à mettre en place depuis avril pour sécuriser et protéger les frontières sud-est avec la Libye longue de 162 km en installant des sièges entre les passages frontaliers de Dhehiba et Ras Jedir, et créer des points de contrôle pour empêcher le passage des terroristes. Au plan économique, l'attaque de vendredi a déjà compromis la saison estivale et risque de porter un rude coup au secteur du tourisme qui représente 7% du PIB. Ainsi, selon des tours opérateurs britanniques et belges, quelque 4500 touristes devraient avoir été rapatriés d'ici ce soir par des vols spécialement affrétés. Selon le site de l'aéroport d'Enfidha, entre Sousse et Tunis, un avion quittait le tarmac toutes les 15 à 20 minutes, aujourd'hui. Outre les attaques contre les touristes, des dizaines de soldats et policiers ont été tués depuis la révolution de 2011 dans des attaques, dont la plupart au mont Chaambi où se trouve le principal maquis djihadiste en Tunisie. De plus, ce pays fournit aujourd'hui le plus gros contingent de ressortissants, près de 3000, aux groupes djihadistes en Syrie, en Irak et en Libye.