Mohamed Achouri de Annaba, Rahim Djerboua d'Alger, Abdesselam Haddi de Chlef, et Fayçal Boukhtache de Tiaret étaient les quatre candidats qui ont animé la quatrième soirée du 10e Festival national de la chanson chaâbie, qui se déroule jusqu'à ce soir, à l'Agora de Riad El Feth, à Alger. Le bruit qui entoure cet espace ouvert trouble quelque peu les concerts de chaâbi. L'idéal serait peut-être de revenir en salle aux prochaines éditions pour une meilleure écoute. Mohamed Achouri revient au festival après avoir décroché la quatrième place en 2007. «A l'époque, j'ai eu l'honneur de travailler avec Abderrahmane El Kobi. Quand on est jeune, on peut imiter des voix. Mais, je pense qu'il est préférable pour chaque chanteur d'avoir sa propre méthode et son propre style d'interprétation. Il doit chercher des compositeurs par exemple», a plaidé Mohamed Achouri. Ce jeune chanteur est le fils de Sebti Achouri, connu par cheikh Khrouf, celui qui a écrit le fameux Jdeb jdeb ala nbi selina qu'a interprété Mourad Djaâfri. Mohamed Achouri a repris le qcid de Abdelkader Mosteghanemi, Rebbi ya wahab, suivi du m'khiless Ya achikine zad chouki. Haddi Abdesselam, 18 ans, plus jeune concurrent, a préféré plonger dans le patrimoine hawzi en reprenant Sobhan khalki soltani, suivi de Rimoun ramatni. A 14 ans, Abdesselam a appris la maîtrise des instruments auprès des professeurs de l'association El Fen El Assil de musique andalouse de Chlef. «Je veux faire du chaâbi à ma manière. C'est-à-dire respecter la tradition tout en apportant un nouveau souffle. Il est possible de changer certaines choses», a relevé le jeune artiste. Fayçal Boukhtache est du même avis. Ce grand fan de Kamel Messaoudi a fait ses premiers pas dans la musique au niveau du conservatoire communal de Tiaret, avant de créer l'association Rostomia. «J'ai créé un petit orchestre pour animer les soirées chaâbies. N'oubliez pas que Tiaret est l'une des citadelles de la poésie melhoun, donc, les amoureux du chaâbi sont nombreux», a-t-il relevé. Fayçal Boukhtache a interprété un nouvelle qcida d'Ahmed Bouziane, Berrouh newaad el djazaïr. Rahim Djerboua a, pour sa part, chanté un texte écrit et composé par lui-même, Litima (L'orpheline), suivi de Moud lik be saada ou el khir (de Mahboub Bati) et un mkhiless, Manaarfech wana seghier. «Litima fera bientôt partie de mon prochain album, autant que le qcid Ya lahi bi ayoub ennas que j'ai arrangé. J'ai déjà produit trois albums dont deux sont de mes paroles et de mes compositions. Guerrouabi, El Koubi, Nouni, Mekraza, Zahi sont mes chiouykh. J'ai marché sur leurs pas», a souligné Rahim Djerboua. Abdelkader Chercham était l'invité de la soirée. Habillé à l'ancienne, le chanteur a débuté son concert avec un m'dih Ya koum salou ala mohamed avant d'enchaîner avec El Arfaouia, le qcid de Cheikh Nejjar, avant de terminer avec Hajou Lefkar. Abdelkader Chercham fait montre d'une grande capacité de mémorisation des textes avec compréhension du sens. «Etre ou ne pas être. Quand on aime ce métier, il faut être à la hauteur. Il faut attaquer un fond. Chanter du chaâbi, c'est sérieux, ce n'est pas un jeu. Il y a un public qui écoute et qui connaît bien ce genre de musique. Donc, on ne doit pas lui donner n'importe quoi», a soutenu Abdelkader Chercham qui a plaidé pour une plus grande exportation de la chanson chaâbie à l'étranger. Parallèlement aux concerts, des ateliers de formation sont assurés pour les jeunes chanteurs en matière de maîtrise du chant, des règles de la musique, de la poésie et de l'écoute. Aujourd'hui 30 juin, Yacine Saada donnera à la salle Frantz Fanon (à 13h), une conférence sur une étude sociologique de la poésie melhoun. Le 10e Festival national de la chanson chaâbie rend hommage, cette année, à Rachid Nouni et à Kamel Messaoudi.