«Rachid Nouni n'est pas mort» n'a cessé de clamer Omar Tayane, ami du défunt, depuis la scène où il venait de remettre un présent à une des petites-filles du chanteur décédé il y a douze années. La salle des fêtes de l'hôtel Ansar de Blida s'est avérée, encore une fois, trop exiguë, dimanche soir, devant l'afflux des amis et fans du modeste chanteur qui devient de plus en plus connu – paradoxe de la vie d'artiste – après sa mort. De son vivant, Rachid Nouni s'était même surpris à se suffire du strict nécessaire, lui le chef de famille qui avait perdu son épouse et qui assumait son rôle de père affectueux et tendre, de l'avis de tous ses enfants et de ses amis intimes. Abdeslem fut l'un de ses proches qui a continué à rendre régulièrement visite à ses enfants, aujourd'hui adultes, et dont une fille s'est mariée avec le fils d'un autre disparu de la scène de la musique chaâbie à Blida, Mohamed Tobbal. Ismet Benomar, autre proche du disparu, a rappelé les noms des chanteurs du genre qui ont quitté ce monde et il est surprenant de voir combien ils sont nombreux : Tobbal, Nouni, Kessoum, Oujdi ainsi que plusieurs musiciens qui les accompagnaient. Cet homme savait réconforter les humbles, ses semblables, et observait les changements, trop rapides à son goût, d'une société à qui il vouait une tendresse infinie, notamment la blidéenne des quartiers de son lieu natal et de décès, Bab Khouikha, et des symboles de la classe ouvrière locale à Bab Zaouia, Douirette, El Djoun. ‘Ya chemaâ' et ‘Ennahla' resteront pour l'éternité chantées par ceux qui ont la nostalgie d'autres valeurs que celles vécues – subies – aujourd'hui. Abdelmadjid Meskoud, Kamel Bourdib, Abdelkader Chercham, Abdelkader Chaou étaient présents aux côtés des artistes locaux pour honorer la mémoire d'un homme exemplaire et les témoignages ne cessaient d'affluer, tout comme les chansons reprises par Kamel Choumane et Abdelkader Chercham. Ambiance de recueillement à la mémoire de celui qui n'enregistrait pratiquement pas à la radio ou à la télévision, rendant alors ses interprétations quasiment introuvables, notamment les enregistrements de mariages. Emporté le 2 mars 1999 par cette terrible maladie qu'est le cancer, les Blidéens ont vu juste en organisant, par le biais du Syndicat des artistes en collaboration avec l'APC de Blida, l'association El-fen oua el-adeb, la DJS et des amis de l'artiste, cette soirée qui en appelle d'autres à la mémoire d'artistes, comme l'a laissé entendre M. Benyoucef, SG du bureau de Blida du Syndicat des artistes.