Le commissariat du Festival national de la chanson chaâbie de concert avec le comité des fêtes de la ville de Béjaïa, se sont donné trois jours les 22, 23, 24 mars 2011 pour rendre accessible tout ce qui entoure la musique chaâbie. Ça s'est passé au théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa et c'étaient des journées pédagogiques sur la chanson chaâbie. C'est une première. Les activités de ce rendez-vous pédagogique se présentaient en deux volets : journées d'étude et conférence-débat thématique la matinée, et des soirées musicales chaâbies la soirée. "Cette initiative permettra aux jeunes chanteurs et interprètes de Béjaïa, à côté de ceux qui ont été distingués dans les différentes éditions, d'approfondir leurs connaissances dans ce genre musical ancestral. " disent les organisateurs. Au programme de ces journées très guindées, six conférences portant sur "la poésie melhoun et ses composantes", "étude comparative du melhoun au Maghreb", "la connaissance de la chanson chaâbie", et "la qualité et la maitrise de l'interprétation du chant chaâbi" animées respectivement par, H'maïdia Mohamed, Mohamed Touzout, Bendaméche Abdelkader, et Abdelkrim Amimour. Les fins d'après-midi sont comme toujours réservées à l'animation proprement dite, puisque de nombreux lauréats des derniers festivals auront à eux seuls la scène pour donner des spectacles. Il y aura donc à l'affiche entre autres le tout nouveau Premier Prix de la dernière édition Mourad-Zediri , Hacène Fadeli dit Hsinou (2e prix de la 2e édition), Mokhtar Achouri 5e prix de la 2e édition, Yacine Zouaoui 7e prix de la 3è édition ainsi que Madjid kherbache lauréat du prix cheikh Hadj Mrizek. Les lauréats hôtes, de la capitale des hamadites sont respectivement Difli Tarek de Constantine, Hamdine Mohamed d'Alger, Fatihani Mouloud d'Alger, Yahi Mourad de Annaba, Mme Boudjella Sabria et Guetafa Rachid de Mostaganem. Le meilleur est comme toujours réservé à la fin, et c'est Abdelkader Chaou qui aura l'honneur de clôturer ce rendez-vous avec un grand spectacle comme il sait en faire. En parallèle à ces journées, un hommage posthume a été rendu à Abdelkader Trabelsi dit Kakou, un jeune mélomane et fin amoureux de la chanson chaâbie pétri de qualités morales et professionnelles rappelé à Dieu un certain 17 janvier 2010. Kakou touchait presque à tous les instruments musicaux du domaine du chaâbi, mais il brillait au banjo avec lequel il accompagnait la quasi-totalité des chanteurs de la région ainsi que les maîtres du chaâbi qui venaient d'Alger, de Annaba et d'ailleurs. D'où vient le chaâbi ? Il faut savoir que chaâbi signifie littéralement populaire. Il est considéré donc comme le genre le plus populaire en Algérie. Populaire ne veut pas dire apprécié par un très large public, mais plutôt en opposition à la musique savante qui était El andalous un lyrisme destiné spécialement à l'élite. "En tant qu'auteur et compositeur, j'attache une grande importance à la teneur des textes. Le chaâbi reste une vraie musique populaire qui doit toujours être à l'écoute de ce que vivent les gens aujourd'hui, notamment à travers le quotidien", a déclaré le chanteur Kamel El-Harrachi à un quotidien marocain. Dans un entretien accordé au journal "Le Soir-échos", publié vendredi, suite à sa participation à la 13e édition de la foire méditerranéenne dans la ville de Manresa en Espagne où son concert a, selon le journal "enflammé" le public espagnol très réceptif, Kamel El-Harrachi a souligné qu'il "poursuivait le chemin de son père en proposant sa propre expression". Digne héritier de son père le célèbre Dahmane El-Harrachi, auteur du planétaire morceau "Ya Rayah", le chanteur a ajouté "je tente d'apporter un nouveau souffle au chaâbi, même si je reste dans le même style en y introduisant d'autres instruments comme le piano, la contrebasse, les congas ou les banjos", avant de préciser que "tout spectacle chaâbi est marqué par sa couleur et sa tonalité". Le chanteur n'a pas manqué de faire remarquer que depuis son enfance il a été baigné dans l'univers musical et a toujours été entouré de musiciens au sein de sa famille. "J'ai tout appris aux côtés de mon père", a-t-il dit. Lors de ce festival où participaient des chanteurs et musiciens venus de divers horizons tels que la chanteuse palestinienne Rym Banna, l'espagnole Paloma Povedano, le joueur tunisien de Kanoun Dali Triki, l'italienne Franca Masu ainsi que des groupes de jazz et de Flamenco, le journal a constaté que Kamel El-Harrachi était "incontestablement la star avec son orchestre". Le chaâbi algérois, un genre à part. Le chaâbi mêle les instruments orientaux du classique arabo-andalou à d'autres venus de la musique classique occidentale. On y trouve la derbouka (percussion) et le tambourin (Tar), mais aussi le mandole (sorte de grosse mandoline aux sonorités de guitare, munie de quatre cordes doubles en métal), le violon et le banjo, sans oublier le quanoun. Les violonistes de la musique arabo-andalouse et du chaâbi utilisent toujours leur violon à la verticale. Quant au mandole, il a remplacé l'oud, le luth moyen-oriental. Il n'est pas rare d'entendre aussi le piano. En revanche, aucun instrument électrique n'est admis, hormis parfois le clavier (pour les quarts de ton). Les chants du chaâbi, portés par l'idiome algérois, se nourrissent de poésie ancienne mais aussi de textes originaux issus de thèmes actuels. Avec, toujours en toile de fond, l'écho du patrimoine, la plainte ancestrale, la nostalgie du pays.