Neuf ans après la disparition de l'un des maîtres incontestés de la musique châabie, le souvenir et l'empreinte du regretté El Hachemi Guerrouabi est toujours vivace dans les mémoires. Il a été ressuscité, jeudi soir, au palais de la Culture à Alger, à la faveur de la deuxième édition du concours du Grand Prix portant son nom. Des invités de marque sont venus en masse pour découvrir la programmation de cette riche soirée, placée sous le signe du souvenir et de l'émotion. C'est aux environs de 23h et des poussières que l'animateur Djallal déclare la soirée ouverte, en invitant la veuve, Mme Chahra Guerrouabi, à rejoindre la scène pour le discours d'usage. La présidente de l'association El Hachemi Guerrouabi remerciera l'assistance d'être venue aussi nombreuse, ne manquant pas de rappeler que l'association est dédiée à l'œuvre et au parcours artistique de son défunt époux. Organisé par l'Association éponyme agréée en 2012, en collaboration avec le ministère de la Culture et le ministère de la Jeunesse et des Sports, le Grand Prix El Hachemi Guerrouabi récompense la meilleure voix de l'année dans le but de perpétuer l'œuvre du regretté El Hachemi Guerrouabi. Pour immortaliser cette halte à la mémoire, les objets de prédilection du regretté maître sont soigneusement exposés sur la scène à côté de l'orchestre. On découvre sur le dossier d'une chaise un blazer blanc que le maître a porté lors de son tout dernier concert, animé en 2005 au niveau du Théâtre de verdure à Alger. Sa mandole et son cahier de chansons sont également exhibés. Sa veuve rappelle qu'El Hachemi Guerrouabi avait lui-même rangé son instrument dans sa housse il y a neuf ans de cela. Cette soirée artistique - qui entre également dans le cadre de la célébration de la fête de l'indépendance et de la jeunesse - démarre avec l'un des élèves du défunt phénix de la chanson châabie El Hadj M'hamed El Anka, Mehdi Tamache. Muni de son inséparable mandole, l'artiste gratifiera l'assistance par la célèbre chanson à texte El Hamdoulillah ma bka listiaamar fi bledna. Le moment tant attendu est celui de la remise des prix aux lauréats. Le premier prix El Hachemi Guerrouabi a été attribué à Tarek Ayad. Un jeune qui a décroché, l'année dernière, le troisième prix lors la tenue de la neuvième édition du festival châabi en 2014 à Alger. L'heureux gagnant s'est dit heureux de recevoir un aussi prestigieux prix. «Il est vrai, dit-il, que je suis à mon deuxième prix, mais j'estime que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je voudrais atteindre le prix de l'excellence. J'espère que cela n'est que le début d'une grande carrière». Le deuxième prix a été remis à Hamza Talbi de Cherchell, tandis que le troisième est allé à Mohamed Mehdi Zitouni d'Alger. Celui-ci a été l'un des finalistes de l'une des éditions du festival national de la chanson chaâbie. Les trois gagnants se sont vu remettre une enveloppe, un diplôme de participation, ainsi qu'un trophée représentant en miniature la mandole du regretté El Hachemi Guerrouabi. Deux autres prix spécial jury ont été également remis à Dalinda El Eulmi, 16 ans, de Mostaganem, et à Hamza Medouaer. Le clou de la soirée a été incontestablement le passage sur scène pour la première fois de sept chanteurs algériens excellant dans l'andalou et le hawzi : Dalila Naïm, Nacer Mokdad, Hassiba Abderraouf, Abdelmadjid Meslem, Abderrazek Guenif, Nardjess et Hamidou se sont donné la réplique pour reprendre les plus grands tubes du regretté et de l'irremplaçable El Hachemi Guerrouabi. Pour rappel, plus de 150 candidats ont postulé à l'échelle nationale à cette deuxième édition avant la sélection officielle. Les présélections se sont déroulées les trois premiers jours de la compétition présidée par un jury composé des artistes Smaïl Hani, Mustapha Bouafia et Abdelmadjid Meskoud. La présidente de l'association El Hachemi Guerrouabi nous a indiqué en aparté que le devenir des lauréats reste une priorité pour l'association. «Concernant le lauréat de 2014, précise-t-elle, nous lui avons organisé une tournée à travers le territoire national. Il a également participé à deux journées culturelles à Paris et à Lille. Il a même eu droit à un album. Nous comptons faire la même chose avec le lauréat de 2015. Nous sommes une association sanss beaucoup de moyens, mais nous comptons sur les éventuels sponsors.» A la question de savoir où en est le projet de la création d'une école portant le nom d'El Hachemi Guerrouabi, notre interlocutrice répond par les propos suivants : «Nous ne pouvons pas créer d'école tant que nous n'avons pas de local».