De son vivant, ils se comptaient sur les doigts d'une seule main, les disciples du grand maître du chaâbi, le regretté El Hachemi Guerouabi. Mais depuis sa mort en 2006, c'est une véritable pépinière de talents en herbe qui émerge avec, pour seul espoir, de reprendre le flambeau de celui qui a porté très haut l'emblème de ce prestigieux patrimoine musical. Des jeunes, filles et garçons, que Chahira Guerouabi, l'épouse du défunt et présidente de l'Association culturelle El Hachemi-Guerouabi, avec la collaboration de la direction de la culture de la wilaya d'Alger, a pris en charge dans le cadre du concours national de la chanson chaâbi des jeunes amateurs. A souligner que la deuxième édition a pris fin, hier, avec une cérémonie de distinction des nouveaux jeunes élus, à l'esplanade du Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger, en présence d'une pléiade de grands noms de la chanson algérienne tels que Nardjess, Hamidou, Hassiba Abderraouf, Mehdi Tamache. C'est ce dernier qui a ouvert le bal en interprétant l'immortel « El Hamdou lillah mabkach istiaamar fi Bladna », du maître de tous les temps El Hadj M'hamed El Anka. Après trois jours d'une rude compétition entre 21 postulants représentant toutes les régions du pays, c'est le Béjaoui Ayad Tarek, 26 ans, qui a raflé le premier prix, tandis que les second et troisième prix sont revenus respectivement à Hamza Talbi (Cherchell) et à Zitouni Mohamed Mehdi (Alger). Le comité du jury, présidé par Smail Henni, Abdelmadjid Meskoud et Mustapha Bouafia, a accordé le prix spécial à une jeune interprète de haouzi venue de Mostaganem, Dalinda Aoulmi. « Je suis très satisfaite du déroulement et de l'évolution positive du concours, qui a désormais un caractère national. » « Vu la réussite de cette première édition et la demande croissante des jeunes artistes des 48 wilayas du pays pour y prendre part, nous avons pensé à donner un élan national à ce rendez-vous, avec pour seul but, de découvrir et faire découvrir ces jeunes talents », nous a indiqué Mme Guerouabi, visiblement ravie du niveau de cette édition ». « Le slogan de notre association est porté vers la lutte contre l'oubli. Même s'il est resté dans la mémoire de ses fans, force est d'admettre que le risque de perdre un jour tout le patrimoine légué par le défunt est réel », ajoute-t-elle en faisant part de son souhait de voir l'œuvre de Guerouabi faire l'objet d'une chaire à l'université. De son côté, le directeur de la culture de la wilaya d'Alger, Khaldi Mokhtar, a assuré que son département est fermement engagé sur la voie de la préservation et de la mise en valeur du prestigieux patrimoine musical et poétique légué par les grands maîtres du chaâbi dont El Hachemi Guerouabi. « Nous avons un service du patrimoine culturel avec lequel nous œuvrons pour le classement du patrimoine culturel matériel et immatériel, sur la liste supplémentaire des biens culturels de la wilaya », souligne-t-il en mettant l'accent sur l'indispensable et fructueuse collaboration qui lie la direction de la culture de la wilaya d'Alger aux associations. « Nous avons reçu une instruction, dans ce sens, du ministre de la Culture pour consolider les relations entre l'administration et le mouvement associatif ainsi que toute l'élite intellectuelle, pour asseoir les jalons de ce genre de manifestations », affirme M. Khaldi.