Le retour de congé est pour le moins athlétique pour le wali de Constantine et son staff. La tournée marathonienne effectuée à la commune mère, entamée dimanche, pour durer au moins trois jours, a été l'occasion pour M. Boudiaf d'inspecter les chantiers en cours, d'en lancer d'autres, et surtout sévir contre des responsables jugés en deçà de leurs responsabilités. C'est le cas pour le directeur des services techniques de la commune qui s'est vu relevé de ses fonctions, séance tenante, dès l'entame de la visite. Lui et le délégué du secteur de Ziadia ont subi la foudre du wali et ont été traités de complices pour avoir toléré l'érection de 12 constructions illicites près du lotissement El Barda. Ces bidonvilles seront démolis sur ordre du wali qui a décidé en outre de traduire en justice leurs propriétaires ainsi que le délégué du secteur (un élu du MSP) soupçonné de « faire sa propre politique sur le dos de l'Etat et de ses lois » et de saboter les efforts d'éradication des bidonvilles au moment où la wilaya prépare la distribution de 2500 logements pour le mois de décembre prochain. D'autres sites ont fait l'objet de la visite des autorités, notamment le complexe Chahid Hamlaoui, le parc de Djebel El Ouahch, le marché de Daksi et plusieurs quartiers qui vivent au rythme des chantiers d'aménagement urbain. Hier, les visites de terrain ont visé le côté ouest de la ville, notamment les quartiers frappés par des aberrations inhumaines. Premier point : la cité Boudraâ Salah, construite dans le cadre du fameux « plan de Constantine » de de Gaulle. Les quelque 350 familles oubliées dans ces F1 de la honte ont accueilli, hier, le wali et certains ont pu même le conduire par la main et lui faire visiter leurs cages, reliquat d'un autre âge. La plaie exigeait une solution radicale et à la surprise de la population qui s'était rassemblée autour du cortège officiel, le wali a annoncé le relogement de l'ensemble des habitants et la démolition du site. La même réponse est consacrée aux 352 chalets dits Sotraco, solution provisoire qui a trop duré, et qui subissent aujourd'hui le poids des décennies. La wilaya a donc décidé, là aussi, d'évacuer le site pour mettre fin à la misère des occupants. Des décisions radicales et courageuses qui ont tardé mais qui interviennent aujourd'hui pour mettre du baume au cœur d'une population écrasée et soulager Constantine de quelques-uns de ses maux les plus douloureux. Le troisième et dernier jour de la visite sera consacré au centre-ville qui souffre d'asphyxie et espère lui aussi des projets salutaires, à l'image de la vieille ville dont les travaux de réhabilitation attendent le coup d'envoi. Une séance de travail est prévue à la fin pour couronner la tournée et coucher sur papier les décisions prises durant les trois jours d'inspection.