Mahdi Ghazi a donné hier un récital de piano à l'auditorium de la Radio nationale. Originaire du quartier de Maraval à Oran, Ghazi a l'étoffe d'un géant. A peine 17 ans, le jeune virtuose gratifiera le public de ces plus beaux morceaux musicaux dont se sont enorgueillis les plus grands musiciens de ce monde. L'ambassade du Canada qui a initié cette initiative avec le concours de la Radio nationale a réussi en visant à faire connaître au large public ce soliste comme il n'y en a pas. Mahdi Ghazi sera découvert en mai 2005 par Alain Lefèvre, pianiste canadien de renom qui s'est trouvé en tournée à Oran dans le cadre du festival culturel européen en 2005. Tombé sous son charme, Lefèvre l'invitera à son concert qu'il a donné à Alger avant de le convier à venir faire un stage de formation au Centre d'arts d'Orford au Québec (Canada) qu'il vient d'achever. Les jours passés dans ce centre qui célébrera en octobre ses 55 ans lui a permis de se frayer un chemin parmi les grands de la musique classique mondiale. L'image trop pesante de Mohammed Iguerbouchène à qui on le compare a hanté les lieux. Ce digne fils d'Azeffoun qui a joué dans les plus grandes salles a fait, dans son coin de paradis, une courbette à ce jeune virtuose venu tout droit du quartier Maraval. La crinière fournie et en bataille, Mahdi Ghazi a le mot juste et la gestuelle gershwinienne. Il a donné son récital sans partition et sans support visuel. Il le débutera par la sonate appassionata en trois mouvements, qui compte parmi les chefs d'œuvre du maître sourd Beethoven. S'ensuivront les deux impromptus les plus réussis de Schubert, plus l'invitation à la danse de Von Weber. En deuxième partie du spectacle, entrecoupé par deux entractes, des valses de Chopin et Rachmaninov ainsi qu'une ballade de Chopin ont été interprétées avec cette aisance particulière à Mahdi. La rhapsodie hongroise de Liszt, ami de Chopin, a clôturé la soirée enchantée qu'a offerte la Radio algérienne à ses invités d'un soir. Il n'oubliera pas par ailleurs de rendre un hommage appuyé à celui qui l'a découvert, le pianiste Alain Lefèvre en l'occurrence. Il jouera Ilios, la pièce que ce dernier a composée en Grèce, pays qui lui tient à cœur. Le jeune virtuose, futur étudiant en médecine, a subjugué les habitués de l'auditorium, toujours à l'affût de choses formidables. L'ambassadeur du Canada, Robert Peck, connaisseur averti, était aux petits soins avec le soliste. Il n'a pas manqué d'ailleurs de saluer un nouveau talent qu'il fera bénéficier d'un autre stage au Canada. « J'ai voulu faire du violent. Mais ce vœu fut contrarié par le manque d'enseignants et la distance qui me séparait du conservatoire de ma ville, d'autant plus que la période ne le permettait pas », nous a attesté Mahdi qui a commencé la musique à l'âge de neuf ans. La salle totalement acquise a fait à la fin de chaque morceau un ovation ponctuée de bravos lancés à tue-tête. De l'auditorium, ce soir-là, on en sort pas comme on y entre. Il aurait été d'ailleurs plus convenable de diffuser ce récital sur les ondes de la radio nationale pour en faire profiter les auditeurs sevrés qu'ils sont de ce genre de spectacle. Mahdi Ghazi renforcera au travers de cette expérience le mot bien senti de Nietzsche, selon lequel sans la musique la vie serait une erreur. Il est loisible d'ajouter que sans ces découvertes d'un jour, la vie ne serait que plus fade. D'ailleurs combien de jeunes couvent leur don sans qu'on daigne faire attention à eux. Les Canadiens et leur représentant dans notre pays sont à saluer à plus d'un titre. Le récital sera diffusé à la radio canadienne qui est en partenariat avec la radio algérienne.