Enchantement n L'assistance, nombreuse, était au rendez-vous, dimanche, à l'auditorium de la Radio, pour découvrir un virtuose du piano. Mehdi Ghazi entre sur scène sous les applaudissements du public, y prend place et ouvre le récital avec une sonate de Beethoven, suivie de deux impromptus de Schubert. Ensuite, il a invité l'assistance à la valse de Von Weber. Après un entracte, Mehdi Ghazi entame la deuxième partie de son récital composé d'une ballade et de deux valses de Chopin, d'une étude de Rachmaninov pour terminer la soirée, il a interprété une rhapsodie hongroise de Liszt. En entrant sur scène, Mehdi Ghazi apparaît petit et lointain. L'espace semble l'engloutir. Il se révèle minime – surtout avec son jeune âge (17 ans) et ses attitudes réservées et indécises – dans la salle. Mais une fois entamé le récital, le personnage n'est plus le même. Il parvient à surmonter sa timidité et ses appréhensions. Il s'élève majestueusement sur son piédestal et devient imposant, solennel. Oubliant toute présence matérielle, Mehdi Ghazi, concentré sur son piano, laisse librement ses mains et ses doigts courir, tantôt lentement, avec douceur, tantôt lestement, allègrement le clavier ; il leur laisse cette liberté de s'engager sur la touche qui s'accorde au toucher, d'adopter la mélodie qui convient à l'ouïe. Le jeu auquel se livre Mehdi Ghazi se révèle performant, une performance par laquelle il se caractérise singulièrement puisqu'il s'agit d'un jeune musicien (un instrumentiste très soucieux de la qualité de son jeu). Son jeu qu'il partage avec son public revêt un caractère substantiel. C'est un jeu impressionnant qui laisse à croire – pour ceux qui l'écoutent mais qui ne le connaissent pas – qu'il a été exécuté par une personne ayant accumulé de longues années d'expérience en matière de pratique musicale tant le jeu est juste et soigné. Né le 22 février 1989 à Oran (où il vit), Mehdi Bilal Ghazi s'intéressa très tôt à la musique mais ne commença à prendre des cours privés de solfège et de piano qu'à l'âge de 9 ans. Plus tard, Mehdi Ghazi donna plusieurs concerts au théâtre régional d'Oran, quatre en France, dont l'un au siège de l'Unesco (Paris). En 2005, il interpréta une pièce en présence du grand pianiste canadien Alain Lefèvre lors de son passage à Oran. Tombé sous le charme du jeune virtuose, le maître l'invita à participer à son récital qu'il donna la même année (au mois de mai) à Alger. Grâce à son immense talent, le jeune prodige a été accepté après une sélection rigoureuse à l'académie d'été du Centre d'art Orford au Québec où il effectua un stage de formation de deux semaines au mois de juillet. Mehdi Ghazi s'envolera prochainement à Montréal pour suivre une formation au Conservatoire de musique. Un avenir prometteur semble s'ouvrir à lui. Ainsi, Mehdi Ghazi est considéré par les spécialistes comme une véritable révélation qui promet de devenir un excellent soliste et certains vont jusqu'à lui prédire un avenir aussi riche et glorieux que celui qu'a connu le célèbre musicien et compositeur algérien Mohammed Iguerbouchène dans les années quarante.