Finalement le cri d'alarme du professeur Bekkouche Abdelmalek, le désormais ex-directeur du centre universitaire d'Aïn Témouchent (CUAT), n'a servi qu'à lui faire perdre son poste. En effet, selon d'aucuns, son employeur n'a pas trouvé mieux que de le sanctionner pour avoir défendu les intérêts de l'enseignement supérieur contre une gestion catastrophique des projets de ce secteur par les autorités locales. Il s'agit de chantiers de réalisation d'un bloc pédagogique et d'un autre pour la restauration. Le responsable a eu «le tort» d'en parler, pourtant dans un cadre approprié, lors d'une session de l'APW consacrée à la toute prochaine rentrée universitaire. Et plutôt que de réclamer des comptes aux auteurs de la gabegie dans le retard de la livraison des nouvelles infrastructures, c'est sur lui que s'est abattue l'ire. Le résultat c'est qu'aussitôt affichés les résultats du baccalauréat, nombre des futurs étudiants qui espèrent disposer d'une place pédagogique et d'un hébergement au CUAT vont voir leurs projets contrariés. De même, les Témouchentois qui espèrent que leurs filles ne quittent pas la wilaya pour ailleurs, vont également être pour leurs frais. Car si pour la rentrée 2014, les 7 200 étudiants inscrits ont pu être casés dans seulement 4 000 places pédagogiques disponibles, cela au moyen d'un bricolage de l'organisation pédagogique, pour la rentrée universitaire de 2015/2016, l'équation va être insoluble. En effet, il y a eu deux promotions de terminales qui se sont présentées au baccalauréat, ce qui fait qu'il y aura près de 3000 nouveaux bacheliers qui vont s'ajouter aux 7 200 en place. Dans ce cas, le système de la double vacation sera inopérant. Par ailleurs, comme toute institution universitaire qui se respecte, à moins d'être réduit à un grand lycée, le CUAT doit accueillir des étudiants venant d'autres régions. Où les caser ? Mais encore, dans son plaidoyer face aux élus, l'ex-directeur avait rappelé les efforts consentis par le Centre pour s'élever au rang d'une université : «En 2010, le CUAT a ouvert avec seulement 600 inscrits et 60 professeurs pour trois domaines seulement. Après cinq années, nous sommes à neuf domaines et 25 filières au même titre que la plupart des universités. Nous sommes les seuls à avoir numérisé notre bibliothèque, à disposer d'une salle interactive pour la vidéoconférence, du wifi pour le centre et de la possibilité de l'enseignement à distance. Nous sommes devenus un pôle pour l'enseignement des langues, l'espagnol devait être abordé cette année aux côtés de l'anglais et du français et nous nous préparons pour introduire l'allemand. Nous disposons d'un centre d'enseignement intensif des langues. De la sorte, avant 2020, et plus précisément en 2018, avec 10 000 étudiants et l'ouverture de nouveaux domaines pour atteindre le maximum, soit 12, nous aurons le statut d'université à part entière». Depuis donc la session de l'APW de septembre dernier, l'exécutif de wilaya n'a pas su se hisser à la hauteur de ces attentes. Le secret de l'affaire ? Des crédits largement supérieurs au taux de réalisation avaient été versés à l'entreprise réalisatrice. Pis, il lui a même été délivré un quota de ciment également très largement supérieur au taux de réalisation. Tout cela parce que l'entreprise en question était du secteur public et qu'on a imaginé que c'était un gage de sérieux. Prises au piège, les autorités n'imaginent pas de résilier le contrat passé avec l'entreprise défaillante de peur d'autres plus fâcheuses conséquences.