C'est la seconde épreuve des bacheliers. Après le stress lié à l'obtention ou non du diplôme, les jeunes lauréats subissent une autre angoisse. Celle liée à la détermination de l'entame de leur cursus universitaire : la très appréhendée orientation. «Avec une moyenne de 10 et des poussières, je ne pense pas pouvoir accéder à la formation que je désire. J'ai même peur qu'on m'envoie dans une spécialité qui n'a rien à voir avec mon bac», craint une jeune lauréate qui n'a pas joui longtemps de son succès. En Algérie, le baccalauréat est la clé qui permet d'accéder à l'enseignement supérieur, mais l'accès à la filière est déterminé par des conditions préalablement établies et des classements en fonction de l'attrait de la spécialité. Ainsi, cette année, pour s'inscrire en médecine par exemple, il est impératif d'avoir une moyenne générale supérieure ou égale à 14/20 pour participer uniquement au classement. La note est d'au moins 12/20 pour les Ecoles normales supérieures. Alors avec le grand nombre de lauréats de 2015, soit les 363 141 – un record absolu depuis l'indépendance du pays en 1962 –, les places risquent d'être chèrement payées. Hier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a donné quelques informations sur la prochaine rentrée. Tahar Hadjar a d'abord rappelé que le nombre de nouveaux bacheliers a crû, par rapport à l'année précédente, de 138 218. Cette augmentation vertigineuse est due à l'arrivée d'une double cohorte d'élèves de terminale suite aux multiples réformes du secteur de l'éducation. Cette masse de nouveaux étudiants sera d'ailleurs répartie sur les trois conférences régionales des universités : 145 596 CRU est (on note une augmentation 54 000), 610 130 pour le CRU centre (+ 50 900) et 85 935 CRU ouest (+ 33 183). Une grande pression est attendue au niveau des grandes villes universitaires, à l'instar d'Alger, Aïn Defla, Médéa, Mila, Aïn Témouchent et Tébessa. Se voulant rassurant sur une «orientation (qui) est un concours sur classement», Tahar Hadjar affirmait hier, selon l'APS, lors d'une conférence de presse animée à l'Ecole supérieure de l'informatique (ESI) d'Alger, que tous les moyens ont été mobilisés pour réussir le processus de l'opération d'inscription. «Toutes les mesures ont été prises et tous les moyens dégagés» pour mener à bien l'opération, rapporte l'agence concernant les inscriptions qui s'étaleront du 12 août au 6 septembre 2015. La période de pré-inscription est prévue du 12 au 16 juillet, celle de la confirmation du 20 au 21 juillet, alors que l'opération d'affectation et de recours est prévue le 28 du même mois. Les inscriptions définitives (après les recours) s'étaleront du 29 juillet au 6 août. Pour argumenter son ton rassurant, le ministre fait valoir les chiffres en annonçant 76 000 nouveaux sièges pédagogiques et 50 000 nouveaux lits à travers le territoire national pour la rentrée universitaire 2015-2016. «Cela permettra d'augmenter la capacité d'accueil globale pour la porter à 1 316 000 sièges pédagogiques et 677 000 lits», a déclaré le ministre. Mais cela reste insuffisant. Il est fort probable que la rentrée universitaire 2015-2016 sera loin de couler comme un long fleuve tranquille.