Une tâche, pour ce dernier cas, à laquelle s'attelle le mouvement associatif en collaboration avec la DAS. La direction des Affaires Sociales a cédé des locaux sur l'avenue de Canastel au profit de trois associations qui font un travail d'une importance capitale, visant à faciliter la vie de cette frange de la société. «Nous avons proposé de former bénévolement les agents administratifs dans tous les secteurs : collectivités locales, justice, sûreté, etc. pour mieux accueillir les malentendants mais cela ne marche pas à tous les coups», déplore Amina Cherdoudi de l'association culturelle langage des sourds-muets créée en 2009. «La justice fait appel à nous pour interpréter dans le cas où un malentendant est cité mais pour ce qui est du fonctionnement quotidien, les besoins administratifs, cette catégorie reste marginalisée», ajoute-t-elle en considérant, par ailleurs, que chaque APC doit normalement être dotée d'un agent maitrisant ce langage des signes (LS). Chaque mairie dispose en effet d'un guichet pour les personnes aux besoins spécifiques mais ils ne sont pas adaptés aux malentendants. Là où ils vont, ceux-ci ne trouvent personne pour les comprendre et les orienter. «Lorsqu'un malentendant rencontre un problème et envisage de se plaindre, doit-il à chaque fois rentrer d'abord chez lui dans l'espoir de trouver un proche qui puisse s'exprimer en son nom?», s'interroge-t-elle en précisant qu'un projet de formation a été soumis à la direction de la sûreté urbaine et attend sa concrétisation. Un prototype de convention a été soumis à Algérie Télécom pour les mêmes raisons mais reste sans réponse malgré un accord préalable approuvé même par le ministère. Seule la direction des Affaires Religieuses s'est montrée sensible à cette doléance car, depuis un certain temps, un interprète traduit à côté de l'imam le contenu du prêche du vendredi. Au-delà de ces tracasseries, l'apprentissage du LS est aussi un moyen de socialisation. Quand elle est venue pour entamer son apprentissage, cette jeune fille qui ne veut pas que son nom soit divulgué publiquement avait déjà 18 ans. Elle était, selon l'enseignante, perdue et renfermée sur elle-même mais une fois qu'elle a commencé à maitriser le LS, elle est devenue souriante, communicative et intégrée au milieu de ses camarades. Un autre exemple rare mais encourageant concerne cette dame qui s'est résignée à suivre, au sein de l'association, les mêmes cours de LS que sa fille malentendante afin de mieux se rapprocher d'elle. Elle, aussi, a souhaité s'exprimer dans l'anonymat pour dire : «Cela fait deux mois que je fréquente cette classe et les résultats sont à prévoir pour plus tard mais je peux déjà dire que je suis satisfaite de mon évolution». Quand ils sont livrés à eux-mêmes dans la rue, les malentendants n'apprennent pas grand-chose. Le travail de l'association est important dans la mesure où les apprenants, notamment ceux qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école, sont appelés non seulement à découvrir de nouveaux signes mais aussi à acquérir de nouvelles connaissances abstraites que la rue ne dispense pas. Divers moyens pédagogiques sont utilisés dont ceux qui permettent l'association par mémorisation des images et des mots pour pallier l'ignorance de l'écriture. Cet apprentissage aussi important soit-il n'est qu'une étape. Le grand défi reste l'insertion professionnelle. «Nous conseillons toujours aux malentendants, que nous croisons, de suivre des formations professionnelles mais ils restent sceptiques car ils ont l'idée qu'ils ne trouveront pas de travail», indique-t-on à ce sujet. Actuellement la majorité d'entre eux sont embauchés dans le cadre Blanche Algérie mais une fois le programme achevé, que deviendront-ils ?