ALGER - Des écoles d'enseignement de langues étrangères en Algérie ont pris conscience de l'importance de l'apprentissage de la langue chinoise dans un pays où la main-d'œuvre chinoise occupe la première place sur un total de 50.000 travailleurs étrangers. Face à un besoin grandissant d'apprendre la langue chinoise motivé par une forte main-d'œuvre chinoise qui s'adonne à toutes sortes d'activités économiques dans pas moins de 633 sociétés chinoises et les déplacements fréquents des importateurs algériens en Chine pour la conclusion de transactions avec leurs homologues chinois, des cours de langue chinoise sont désormais dispensés dans certaines écoles de langues étrangères. "Cours de chinois", "venez vite vous inscrire", "places limitées", lit-on sur les affiches collées aux entrées des immeubles et sur les vitrines des magasins des principales artères de la capitale, particulièrement les rues Hassiba Benbouali et Didouche Mourad, où les écoles de langues étrangères poussent comme des champignons. Affiches à profusion...un appât pour les curieux "Vu la présence accrue des chinois en Algérie et le nombre grandissant des sociétés chinoises, l'enseignement de la langue chinoise s'avère plus que nécessaire du moins pour les algériens qui travaillent avec des chinois", a confié une employée dans une école qui dispense des cours de chinois. A cet effet, l'école a chargé deux professeurs qui ont suivi des études à Pékin de préparer un programme spécial de deux mois pour débutants. D'autres niveaux sont programmés en fonction de la maîtrise de la langue par les apprenants. Concernant l'intéressement des algériens à l'enseignement de cette langue qualifiée de "difficile" de par son alphabet et son écriture, Asma, chargée de la réception des demandes dans une école de langues étrangères à la Rue Hassiba Benbouali (Alger) a relevé "une forte affluence" enregistrée au sein de son école "qui fut la première a dispenser des cours de langue chinoise" et qui a débuté par trois classes. S'agissant des types de personnes qui s'intéressent à cette langue, Asma a précisé qu'elle attire particulièrement les passionnés des langues étrangères, avides d'apprendre le chinois, ceux qui travaillent avec des compagnies chinoises et veulent, par conséquent, apprendre cette langue pour progresser dans leur parcours professionnel. Quant à la troisième catégorie, elle compte les importateurs algériens qui se rendent fréquemment en Chine et doivent, de ce fait, apprendre la langue, ne serait-ce que des tournures nécessaires pour négocier leurs transactions. Des étudiants universitaires et des employés de la compagnie Air Algérie qui désirent améliorer leur maîtrise de la langue font également partie de cette catégorie. "Marre des signes, la solution est d'apprendre la langue" Pour Lynda, fraîchement licenciée de la faculté de Droit, qui a du accepter de travailler comme vendeuse dans un magasin d'articles chinois à la place des martyrs, faute d'emploi, la communication avec son employeur chinois est un véritable supplice, d'autant que ce dernier s'exprime très mal en français. Cette situation la contraint à recourir au langage des signes ou au marchand d'à côté qui lui sert d'interprète. Pour venir à bout de cette situation dans laquelle se trouvent nombre d'Algériens qui travaillent avec des chinois, aussi bien dans les commerces que dans les entreprises, Lynda a décidé de s'inscrire dans une école pour apprendre le chinois. Apprendre cette langue est indispensable pour Zineb, herboriste, d'autant qu'une partie non négligeable des plantes médicinales qu'elle utilise provient de l'Asie orientale et que certains livres de référence sont en langue chinoise. Diplômé en biologie Amir Lalaoui (32 ans), employé dans une société chinoise de travaux publics avait décidé de s'initier au chinois dans l'espoir d'obtenir une promotion. L'accès au deuxième niveau d'apprentissage, lui a effectivement valu le poste de superviseur adjoint, alors qu'il occupait le poste de simple agent administratif. Le succès d'Amir dans l'apprentissage de la langue chinoise a incité beaucoup de ses collègues à se lancer dans cette aventure. Concernant les frais des cours, le niveau est assuré à 4000 DA, soit 16000 DA le cycle qui comprend 4 niveaux, a indiqué Merzak Boualem, directeur d'une école qui assure des cours de chinois. Cet intérêt de l'Algérien vers l'apprentissage du chinois, témoigne d'une ouverture vers de nouvelles perspectives et des civilisations autres que la civilisation européenne, sans toutefois renoncer à son identité et à son appartenance.