Dépourvue des moyens les plus élémentaires, Bounouh, à près de 60 km au sud de Tizi Ouzou, évolue dans un isolement atypique. La précarité touche tous les volets de la vie et n'épargne aucun des 23 villages qui composent cette commune. Faisant face à d'innombrables difficultés, la population locale est plongée dans un marasme indescriptible. D'emblée, la municipalité donne l'apparence d'une zone inexploitée où toutes les potentialités sont à mettre en valeur. Le chef-lieu communal, lui seul, renseigne sur le retard flagrant qu'accuse la localité. Outre un CEM, (l'unique dont dispose toute la commune) et le siège de la mairie, aucun indice ne différencie le centre de Bounouh d'un autre hameau quelconque. Le délabrement n'épargne ni les immeubles ni les artères. Toutes les insuffisances que vivent les 14 000 habitants de Bounouh sont étoffées par une crise aiguë en matière d'alimentation en eau potable. Même le chef-lieu communal n'y est pas épargné. Il a fallu attendre l'avènement de 2006 pour que les autorités locales se penchent, enfin, sur cet épineux problème. Selon le P/APC de Bounouh, quatre forages, qui alimenteront la partie basse de la commune, sont en voie de réalisation à Tala Oulili. Pour les villages sis au flanc de la montagne (la partie haute), d'autres ouvrages seront lancés incessamment, ainsi que le renouvellement de tout le réseau AEP. Actuellement, l'approvisionnement est assuré par deux camions-citernes et deux tracteurs de la commune qui font des tournées à travers tous les villages pour fournir, en moyenne, un fut de 200 litres par semaine pour chaque foyer. Cela reste bien en deçà des besoins et, pour atténuer les manques, la population locale se rabat sur les puits et les fontaines publiques. « Si tout marche comme prévu, le problème d'eau sera totalement réglé dans une année », dira M. le P/APC, Rabah Makhlouf. Sur un autre plan, Bounouh est dépourvue de toutes infrastructures et équipements de base. En effet, la volonté des responsables locaux de renforcer la commune par des structures du service public se trouve toujours confrontée au problème du foncier. « Outre les quelques parcelles au chef-lieu qui relèvent soit du patrimoine communal ou domanial, tous les terrains appartiennent aux privés, chose qui bloque souvent la réalisation de certains projets », dira un élu. L'activité économique dans cette région, elle aussi, est frappée de l'infortune. Etant une commune à vocation agricole, les exploitants potentiels des quelque 1 300 hectares de surfaces utiles, dont dispose la commune, sont toujours confrontés au problème d'eau. Chose pour laquelle, l'activité agricole se limite à la céréaliculture dans la plaine, l'oléiculture dans la haute montagne et les élevages de transhumance. Faute de richesses propres, Bounouh doit se contenter des subventions de l'Etat pour subvenir à ses besoins. Pour l'année en cours, la wilaya a injecté 3,3 milliards de centimes pour cette commune en PCD pour une dizaine d'opérations.