L'Etat veut récupérer son argent. C'est la raison de la pression menée par les directeurs des imprimeries étatiques sur les propriétaires des journaux classés mauvais payeurs. De source sûre du ministère de la Communication, ces responsables seraient ainsi en train d'appliquer une directive sommant tous les journaux qui n'ont pas payé leurs factures de le faire dans les plus brefs délais. Aucune date butoir n'est, toutefois, indiquée. Cette directive vient après le mouvement de protestation des travailleurs de la Société de gestion des participations de l'Etat (SGP) presse et communication et ceux de sa filiale Simpral concernant, justement, ces créances recouvrées au compte-gouttes et autres conflits internes. La situation a pris une tournure plus grave, lorsque des médias ont rapporté le montant de ces dettes. Celui de la Simpral, seulement, s'élève à un milliard de dinars. Le montant des dettes des titres de presse qui y impriment encore serait de 450 millions de dinars, alors que celui de ceux qui ont fui leurs dettes et n'y impriment plus s'élèverait à 285 millions de dinars. Celui de la Société d'impression d'Alger (SIA), sise à Bab Ezzouar, est un secret. La directive de mettre les journaux mauvais payeurs sous pression n'est pas la seule disposition prise. De source syndicale, le directeur général de la SGP presse et communication, Nader Youcef, aurait été révoqué, il y a quelques semaines. Une femme cadre assure l'intérim en attendant la nomination d'un nouveau directeur. Selon la même source, un plan d'intégration de toutes les imprimeries d'Alger à la SIA de Bab Ezzouar est envisageable. Un plan d'action qui ne plaît pas aux syndicats. Des médias financés par l'état Le plus aberrant dans toute cette affaire est que la plupart de ces journaux, qui payent difficilement, voire pas du tout, leurs factures, continuent à tirer le plus normalement du monde dans ces imprimeries. Lorsqu'ils se sentent menacés par ces lourdes dettes, ils courent se faire de nouvelles factures impayées dans les autres imprimeries de l'Etat. Au lieu d'appliquer la loi, ces médias, qui emploient peu de journalistes et/ou qui ne sont même pas dans les kiosques, bénéficient, en bonus, de la publicité des établissements publics. De nouvelles richesses sont ainsi créées sur le dos de l'Etat, sans pour autant apporter un plus au simple citoyen.