Il n'était pas encore 8h quand le mémorial d'Ifri-Ouzellaguen commençait à accueillir du monde, jeudi, en vue de la commémoration du 59e anniversaire du Congrès de la Soummam du 20 Août 1956. Comme chaque année, la célébration de cet événement historique majeur de l'histoire du pays a drainé un monde fou. Moujahidine, enfants de chouhada, politiques, mouvement associatif, Scouts musulmans et anonymes, tous ont tenu à être à ce rendez-vous annuel que les officiels continuent à fouler aux pieds. En effet, fidèles à leurs habitudes, ces derniers ont boudé la cérémonie. Les habitants d'Ifri et des villages environnants ont convergé vers le lieu de la commémoration de bonne heure. Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, vieux et vieilles étaient présents en masse. Le devoir de mémoire est l'affaire de tous. A l'extérieur du site, seuls les premiers arrivés ont pu trouver une place pour se garer. L'absence d'un parking a créé une cohue indescriptible. En dépit de ce scénario qui se reproduit chaque année, les autorités n'ont pas pensé à trouver une solution, ou du moins à mobiliser des policiers afin de gérer le flux des automobilistes. OUZELLAGUEN PAREE DE SES BEAUX ATOURS Pour l'occasion, la commune d'Ouzellaguen, comme à l'accoutumée, a paré l'endroit de fanions et d'emblèmes, accrochés ici et là. Une esthétique qui, abstraction faite de sa portée symbolique, n'est pas en mesure de cacher les coups portés par le temps à ce haut lieu de l'histoire de la guerre de Libération nationale. L'absence de travaux de restauration inlassablement demandés par la société civile se fait durement sentir. A 10h, avec l'arrivée de toutes les délégations, il était difficile de se frayer un chemin parmi la foule présente. La plus représentée est celle du FFS, qui a organisé un meeting national sur place. Un cadre du plus vieux parti de l'opposition parle de plusieurs wilayas représentées. Des casquettes blanches à l'effigie du parti ont été distribuées aux militants et sympathisants. L'une après l'autre, les délégations s'avancent au pied du mémorial pour y déposer leurs gerbes de fleurs, en l'honneur des martyrs de la guerre de Libération nationale, sous des airs de fanfare. Les moudjahidine, les Scouts musulmans et l'APC d'Ouzellaguen ont été les premiers à le faire, avant d'observer une minute de silence, suivis de militants du Front El Moustakbel. Le leader de la formation, Abdelaziz Belaïd, a accompli son devoir de mémoire accompagné de militants, dont notamment le député Khaled Tazaghart, ex-militant au sein du Forum socialiste, récemment reconverti. Puis vient le tour de la délégation du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Menée par Mouloud Deboub, président du bureau de la wilaya de Béjaïa, la délégation du RCD a déposé une gerbe de fleurs, avant d'observer une minute de silence, sans prise de parole. A rappeler, toutefois, que l'année dernière, le RCD avait préparé un riche programme commémoratif du Congrès de la Soummam. En plus du recueillement au mémorial, la formation de Mohcine Belabbas avait organisé un colloque de deux jours à Béjaïa sur la thématique du Congrès, en présence, entre autres, de l'ex-président du RCD, Saïd Sadi, et du sociologue Abdelmadjid Merdaci. Ensuite, la délégation du FFS s'est rapprochée pour se recueillir. Mohamed Nebbou, premier secrétaire national du parti, accompagné de l'ex-secrétaire, Ali Laskri, du président de l'APW de Béjaïa, Mohamed Bettache, ainsi que d'une foule de militants, a accompli le même rituel avant de tenir un meeting. Les enfants de chouhada étaient les derniers à se recueillir au mémorial en déposant une gerbe de fleurs et en observant une minute de silence. Ces derniers ont profité de l'occasion pour déplorer le délabrement du site historique où s'est déroulé le tournant de la guerre de Libération nationale. Le mémorial tombe en ruine dans l'indifférence totale des autorités.