Anciennes traces de la présence de l'homme, les belles peintures rupestres du Tassili N'ajjer ont été les premières illustrations sur timbres poste de la période préhistorique en Algérie. Œuvre du dessinateur G. Le Poitevin, imprimée chez Chaix-Desfosses à 500 000 timbres chacun, cette première série de quatre timbres, parue le 29 janvier 1966, porte les représentations du bovidé magique, le berger Peuhl ou Peul, en référence au peuple qui avait habité la région, des autruches et des jeunes filles Peuhl. Des dessins de couleurs rouge et blanche sur fond ocre, une couleur sacrée chez les populations ayant habité cette région et dont on loue les vertus revivifiantes. Des dessins qui reflètent aussi le degré d'évolution esthétique, révélant un art d'une grande qualité. En témoignent ces dessins d'humains de type négroïde, où l'on peut voir des femmes élégantes aux coiffures élaborées. Des traces d'une civilisation qui a 2000 ans d'avance sur l'Afrique méditerranéenne, selon certaines sources historiques. Une année plus tard, le 28 janvier 1967, la Poste algérienne fait paraître chez le même imprimeur une seconde série signée par le même G. Le Poitevin, avec les mêmes formats, illustrant une vache, des archers, une antilope-cheval et un guerrier. Selon les historiens, la région du Tassili N'ajjer était peuplée par l'homme depuis des milliers d'années. Elle avait vu la naissance d'une société plus évoluée et bien organisée se basant sur l'élevage et la chasse. La représentation des bovidés reste la plus fréquente et la plus marquante dans les peintures rupestres du Tassili N'ajjer. Cela se vérifiera encore une fois dans l'émission parue le 19 novembre 1981, imprimée chez le suisse Courvoisier d'après diapositive. On notera la présence des bovidés de Jabbaren, les Bovidés de Iherir, le Bœuf unicorne de Jabbaren et le Mouflon de Tan-Zoumaitek. Les richesses archéologiques de la période préhistorique de l'Algérie seront mises aux oubliettes pendant de longues années, jusqu'au 26 mars 1987 qui verra la parution d'une émission consacrée à un autre aspect de ces vestiges, représentée par les gravures rupestres de l'Atlas. Dessinés par M. D. Chaker, on découvre sur ces timbres les gravures de Aïn Naga, de Zaggar et le fameux Bélier «sacré» de Boualem. Vingt-sept ans plus tard, la période préhistorique reviendra encore une fois sur les émissions philatéliques algériennes, à travers une série de trois timbres des œuvres conservées au Musée Bardo, représentant un char tiré par deux chevaux, une sculpture zoomorphe d'une tête de bélier et une sculpture «betyle anthropomorphe». Depuis la première émission parue en 1966 et en 48 ans, la Poste algérienne a consacré uniquement 18 timbres à la période préhistorique, ce qui est vraiment insignifiant au vu de la richesse de ce patrimoine qui remonte à 8000 ans avant notre ère, correspondant à l'âge néolithique. Ce dernier marque une période particulière de l'évolution de l'homme dans le Tassili N'ajjer. Celle du passage à une économie de production attestée par la pratique de l'élevage et de l'agriculture. Les innombrables découvertes des richesses archéologiques faites dans plusieurs régions de l'Algérie sont encore méconnues, si l'on se réfère aux nombreux ouvrages historiques. Plusieurs sites révélant que l'Algérie actuelle fut un des premiers berceaux de l'humanité ont été occultés. On citera pour l'exemple ceux de Aïn El Hanech près d'El Eulma, Mechta Afalou près de Béjaïa, Mechta Larbi à Chelghoum Laïd, mais aussi les gravures de Kef Messiouer du côté de Sedrata, sans parler des nombreux vestiges de Djebel Amour et de la région de Djelfa, et des innombrables dessins rupestres du Tassili N'ajjer, représentant la faune et les scènes de chasse, non encore révélés au public, en sus des traces découvertes dans les grottes du Mouflon et de l'Ours à Constantine, attestant de la présence de l'homme de Néandertal dès le paléolithique, soit 45000 av- J.-C.