Destination par excellence des Algérois, le site de villégiature dit Sidi Boukhris, situé à la sortie sud-ouest de Khraïcia, n'est plus que désolation. La cause en est qu'une immense décharge publique empoisonne la vie à plus d'une centaine de familles résidant aux alentours. L'incinération se faisant en plein air, l'atmosphère est devenue irrespirable, provoquant inéluctablement des maladies respiratoires à la majorité des résidents. « Nous ne travaillons que pour acheter des médicaments à nous et à nos enfants à cause des maladies respiratoires que nous avons contractées. L'asthme nous tuera un par un ! », nous dit, dépité, un riverain dont la demeure, construite sur une propriété familiale, achetée en 1948, se frotte à cette véritable catastrophe écologique. Lors de notre passage, hier, sur les lieux, les riverains avaient déjà bloqué l'accès à cette décharge, créée, selon un contestataire, au milieu des années 1990. Les camions, munis de documents municipaux les autorisant à jeter leurs ordures, ont dû rebrousser chemin non sans revenir quelques instants plus tard accompagnés d'un détachement de la Gendarmerie nationale. Les repésentants de la loi n'avaient rien à redire du moment que les riverains disposent d'un jugement sommant l'APC à fermer cette décharge. « L'APC nous a poursuivis en justice après qu'elle s'est rendue compte qu'on n'allait pas baisser les bras. Fort heureusement, la cour de Blida nous a rétablies dans nos droits, l'exécution du jugement a été opéré par hussier mais la mairie persiste à ignorer tout cela. » Au lieu et place des figuiers, brûlés par les feux, des immondices de déchets. Des sachets noirs éventrés, pleins d'ordures ménagères. Même des déchets hospitaliers, comme des pochettes d'hémodialyse, des étuis de comprimés, dont certains ne sont pas vides et des seringues usagées, sont jetées à même le sol. « En plus de leur asthme, nos enfants risquent d'attraper de graves maladies à cause de ces déchets hospitaliers. Qui me dit que cette pochette ne pourrait pas générer une hépatite ou autre patholgie hématologique ? », renchérit un résident qui paraît maîtriser quelques « rudiments » de médecine. Cela dit, ces 100 familles se disent déterminées à fermer cet « enfer » « car il y va de notre vie », martèlent-ils. Pour l'APC, le problème de la décharge n'est pas « si catastrophique que ça ». « Pour vous dire, même notre P/APC et notre secrétaire général habitent à proximité. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter », nous signale le P/APC par intérim, Brahim Hirèche, en soulignant que l'APC fera appel de la décision de justice rendue par la cour de Blida. « Nous n'avons pas d'autre lieu pour jeter nos ordures, nous n'avons que ce site qui existe depuis la création de la commune en 1984 », poursuit-il, démentant ainsi l'affirmation d'un riverain selon laquelle la décharge a bel et bien été ouverte vers 1995. Que faire alors ? « Le seul moyen est de nous doter d'un engin pour pouvoir enterrer les ordures. Malheureusement, l'APC ne dispose pas de moyens financiers. Ce véhicule coûte 650 millions de centimes. » L'APC a-t-elle sollicité une « enveloppe spéciale » auprès de la wilaya d'Alger ? « Non, nous ne l'avons pas fait », rétorque le P/APC intérimaire, et d'ajouter : « Le site devra continuer à fonctionner ; nous sommes désolés pour les riverains. »