La consommation de stupéfiants et autres substances recherchées pour leurs effets euphorisants, enivrants, excitants ou hallucinogènes connaît une progression inquiétante dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cannabis, alcool, tabac, barbituriques, solvants, à chacun sa drogue préférée pour se «shooter». Et les complications somatiques, psychiques et physiques de la toxicomanie sur les jeunes sont dramatiques, mettent en garde les spécialistes de la santé. «Ce fléau est en constante augmentation. La drogue est dans nos quartiers, devant ou dans nos écoles, dans nos maisons, dans la société», alerte Dr Mahmoud Boudarène, psychiatre. Selon lui, «le chômage, le manque de loisirs, le mal-vivre, la misère sociale, en quelque sorte, sont les éléments qui conduisent nombre de nos jeunes au désespoir et qui les amènent à des comportements d'intoxication à l'alcool, aux psychotropes, au haschich et pour certains à la consommation de drogues dures, telles que la cocaïne ou l'héroïne. Ce qui est de plus en plus fréquent». Pas moins de 86 kg de drogue ont été saisis par les services de sécurité en 2014 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Quelle politique de lutte adopter pour freiner la propagation de ce fléau qui gangrène la société ? «Pour limiter les dégâts qui sont occasionnés par les conduites addictives, il faut agir en amont. La toxicomanie est avant tout une affaire de prévention et cette dernière ne concerne pas seulement les services de santé. Chacun sait que celle-ci -la toxicomanie- est à la fois un véritable problème de société et un épineux problème de santé publique. C'est pourquoi une lutte efficace contre ce fléau nécessite -cela est valable sous tous les cieux- la conjonction des efforts de plusieurs services de l'Etat et le premier aspect de la prévention consiste avant tout à faire disparaître les conditions qui font le terreau de ce fléau», relève Dr Boudarène. Dans la même optique, les pouvoirs publics ont mis en place des services de désintoxication, qui ont pour mission de prendre en charge en aval le problème des conduites addictives avérées. La wilaya de Tizi Ouzou aura le sien avant la fin de l'année en cours. Ce centre d'étude, de recherche et de traitement des addictions implanté au CHU Nedir Mohamed ouvrira ses portes en novembre prochain, avons-nous appris auprès du Pr Abbès Ziri, directeur général du CHU. Ce service d'une quarantaine de lits permettra de soigner toutes sortes d'addictions (dépendance à la drogue, à l'alcool et au tabac). Outre des cures de sevrage, ce centre de désintoxication assurera le suivi thérapeutique des patients à moyen et long termes. Il aura également comme mission la recherche scientifique en matière d'addictologie. Jusque-là, le traitement des toxicomanes se faisait au niveau de l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi ou au Centre de désintoxication du CHU Frantz Fanon de Blida, seul centre de référence en la matière dont dispose toute la région-Centre.