Des psychiatres ont appelé, lundi à Alger, à l'application, sur tout le territoire national, de l'article 6 de la loi de 2004 sur la toxicomanie, donnant le choix aux toxicomanes de bénéficier d'un traitement, ou de faire de la prison, lorsqu'ils sont pris en flagrant délit de consommation de drogues. «Les magistrats de toutes les wilayas du pays doivent, au cas où le toxicomane en émet la volonté, donner une injonction thérapeutique lui permettant de se faire soigner, au lieu de l'envoyer en prison», se sont accordés à dire des psychiatres, lors d'une conférence de presse sur la toxicomanie, organisée par le quotidien francophone DK News. La toxicomanie est une maladie grave, induite par une consommation addictive de composés chimiques ou biochimiques hallucinogènes, entrainant une dépendance. Les drogues utilisées par les toxicomanes sont de deux types : dure, lorsqu'il s'agit de cocaïne ou d'héroïne et douce, pour le tabac et le cannabis. Les spécialistes ont rappelé que les effets engendrés par la prise de ces drogues sont les mêmes, étant donné qu'elles agissent sur le système nerveux, central. Les effets les plus importants de l'administration de ces substances sont des troubles du comportement, dont les troubles de l'humeur, la diminution des capacités intellectuelles, la dépendance, les maux de tête, les troubles digestifs, une inhibition, ainsi que les troubles du jugement. Les raisons qui poussent les individus à prendre de la drogue sont multiples. D'après le Pr Abbès Ziri, expert en psychiatrie au CHU de Tizi Ouzou, les personnes addictives sont à la recherche d'une échappatoire aux difficultés existentielles. La prise de drogue peut-être aussi contextuelle, a abondé dans le même sens le Dr Abdelkrim Messaoudi, maître assistant en psychiatrie au CHU de Batna. Il a souligné que les jeunes peuvent commencer à se droguer en groupe et à y prendre goût. Les consommateurs sont généralement des adultes jeunes, issus d'un milieu «pauvre». Ils souffrent souvent de rejet social, de chômage, d'échec scolaire et de troubles affectifs. Des facteurs génétiques, prédisposant, peuvent également être à l'origine d'un intérêt à la drogue et à sa consommation, ont fait savoir les communicants. Les dépendants aux psychotropes ont un profil psychologique spécial. Ils sont vulnérables, fragiles, impulsifs et sont constamment à la recherche de satisfaction ou de reconnaissance et d'un maintien de relations durables. La particularité des «drogués algériens», c'est leur polytoxicomanie, a analysé le Pr en médecine légale et spécialiste en toxicomanie et criminologie, Mohamed Salah Laïdli. Recherchant toujours des sensations de plus en plus euphorisantes et voulant développer leur esprit créatif, les malades associent plusieurs types de drogues : cannabis, cocaïne, alcool et autres. Pour la prise en charge des addicts aux psychotropes, trois types de structures existent à l'échelle nationale. Il s'agit de centres d'écoute et d'orientation des malades, de centres intermédiaires de soins et de centres de désintoxication. APS
Les CHU du pays seront, prochainement, dotés de centres de désintoxication L'ensemble des centres hospitalo-universitaires (CHU) du pays seront dotés, prochainement, d'un centre de désintoxication pour accueillir les malades qui désirent se faire soigner, a indiqué le professeur en médecine légale et spécialiste en toxicomanie, Mohamed Salah Laidli. «Les CHU de toutes les wilayas du pays réceptionneront, prochainement, des centres de désintoxication pour les malades voulant s'en sortir et se faire aider», a souligné le Pr Laidli. Il a rappelé, dans le même ordre d'idées, que la réussite des cures de désintoxication dépend de la volonté des toxicomanes. «On ne peut pas forcer un dépendant aux psychotropes à se faire soigner, car les rechutes seront inévitables», a-t-il dit. Les médecins ont pour rôle de suivre les patients sur le plan psychologique en les écoutant et en les soutenant moralement. Le volet médicamenteux de la prise en charge, consiste en l'administration aux malades de sédatifs et de tranquillisants, n'entraînant pas une addiction, pour les aider dans leur sevrage. Apres 21 jours de cure de désintoxication, les patients sont aidés dans leur réinsertion pour éviter les rechutes, et ce, à raison d'une consultation thérapeutique par mois. Des thérapies familiales sont organisées pour permettre aux malades de s'adapter à de nouvelles conditions de vie, en étant soutenus par leur entourage. Le Pr Laidli a rappelé que le Centre national de lutte contre la drogue (Cnld) mène une politique multisectorielle de prévention, de soin et de répression. Le Cnld a recensé pour l'année 2011, 6 695 consultants dans le centre de désintoxication de référence de Blida. APS