Crise oblige, le gouvernement redécouvre la fragilité des différentes caisses de Sécurité sociale laissées sous perfusion durant toutes les années de l'aisance financière. La Caisse nationale des retraites est en proie à des difficultés notamment à cause de l'incurie des dirigeants politiques. C'est en temps de crise que se révèle le niveau de solidité des institutions et des établissements divers. Et voilà que se dévoile la situation financière de la CNAS et de la Casnos qui sombrent dans un état critique. La Caisse nationale des retraites n'est pas en reste. D'après le secrétaire général de l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA), elle serait déjà inexistante, n'était la solidarité entre les caisses de Sécurité sociale. Implicitement, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a déclaré que les caisses de la CNR ont été sauvées de justesse grâce à la contribution d'un des organismes de Sécurité sociale, dont il s'est abstenu de dévoiler le nom. Cette situation calamiteuse, non dévoilée à l'opinion publique, impacte directement sur les pensions des retraités qui se retrouvent aujourd'hui menacées. Interrogé, le syndicaliste et ex-secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs retraités algériens, Azzi Abdelmadjid, confirme que la responsabilité de la situation des retraités et de la CNR incombe à l'Etat. Il recense ainsi plusieurs dysfonctionnements dans les systèmes de sécurité sociale et de retraite. «Le premier dysfonctionnement est la subvention de l'Etat qui n'est en fait qu'une aide à des catégories bien précises, entre autres les anciens moudjahidine et la Caisse des retraites qui est chargée de les distribuer. Normalement, elle devrait être payée pour la prestation. Autre dysfonctionnement : les retraites avant l'âge, qui donnent à ces personnes des droits égaux à celles qui ont travaillé pour une retraite normale. Ce qui est grave. C'est une injonction décidée par l'Etat, contraire à toutes les normes et lois mondiales. Il impose à la CNR des choses qu'elle n'est pas censée faire», explique-t-il. Et d'accuser l'Etat d'agir en tant qu'administrateur et responsable de la Caisse des retraites, alors qu'il n'est qu'un employeur qui cotise pour la faire fonctionner. Il appelle en substance à un débat national sur la Sécurité sociale dans le but de réviser tout son système. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a lui-même donné l'alerte. Car il concède que les caisses des organismes de Sécurité sociale sont menacées et ne peuvent plus, crise financière oblige, faire soutenir cet effort à l'Etat qui a de moins en moins de moyens. Mieux vaut tard que jamais, le ministre a affirmé que l'unique solution trouvée par l'Etat pour remédier à cette répercussion directe de la chute des prix du pétrole est de sommer les employeurs à régulariser leur situation vis-à-vis de la sécurité sociale et à payer leurs cotisations. Tout un programme qu'il n'a d'ailleurs, faut-il le souligner, jamais pu engager sur les rails tant les gouvernements successifs se sont montrés impuissants face aux fraudeurs. Des mesures d'encouragement ont été adoptées dans ce sens dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2015. Elles prévoient un durcissement des sanctions pour les pourvoyeurs d'emploi qui ne se plient pas à la législation. L'Etat a tellement besoin de ressources financières que, dans le cadre de la même loi de finances, il lance un dispositif d'affiliation volontaire au profit des personnes activant dans l'informel. Il leur permet de bénéficier d'une couverture sociale et d'une assurance maladie et maternité contre une cotisation qui s'élève à 12% assise sur une assiette égale au SNMG. M. El Ghazi a aussi lancé un appel aux non-salariés, leur demandant de se rapprocher de la Casnos pour payer leurs cotisations et bénéficier d'une couverture sociale. Ces mesures incitatives et coercitives à la fois prises par l'Etat sont, selon Djilali Hadjadj, spécialiste dans le domaine (lire l'entretien ci-dessous) «insuffisantes». Il a précisé que le gouvernement devrait tirer du tiroir le dossier des créances de plusieurs institutions publiques et privées en matière de cotisation. L'absence de volonté politique de les recouvrer serait en cause.