La célèbre et première speakerine de la Télévision algérienne, Amina Belouizdad, a été inhumée, hier, au cimetière Sidi M'hamed, à Belcourt d'Alger, en présence d'une foule nombreuse. Décédée le 29 septembre à l'âge de 83 ans, suite à un AVC, à l'hôpital de Aïn Naâdja, la défunte Amina Belouizdad avait crevé l'écran de la Télévision algérienne pendant de longues et belles années. La dépouille de Amina Bencherif a été exposée, dans la matinée, au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba pour un dernier hommage. Outre la présence de quelques officiels et d'artistes, de nombreux admirateurs de cette icône de la Télévision algérienne ont convergé assez tôt vers le palais de la culture. La famille artistique était présente en force. En témoigne la présence, entre autres, des comédiens Mohamed et Saïd Hilmi, l'actrice Aïda Kechroud, du chanteur chaâbi, Réda Doumaz, du musicien Bachir Mazouni, et des chanteurs Sadek Djamaoui et El Ghazi. C'est vers 10h que le cercueil de la défunte a été déposé, dans une des salles du Palais de la culture, par des agents de la Protection civile. Beaucoup d'admirateurs ont déposé des bouquets de fleurs pour cet ultime hommage en récitant la fatiha devant la dépouille. L'heure était aux souvenirs. La tristesse se lisait sur tous les visages. Une sexagénaire, enveloppée d'un haïk blanc immaculé, confie qu'elle est venue par ses propres moyens pour rendre hommage à cette grande dame : «J'ai très mal. Je suis anéantie par cette perte. Je ne l'ai jamais approchée mais je l'ai beaucoup suivie sur l'écran de télévision. C'était un exemple de courage et de professionnalisme.» Les présents à cette cérémonie de recueillement n'ont pas tari d'éloges sur l'ancienne speakerine, devenue une grande voix de la Télévision algérienne. Pour Abdelkader Nour, premier rédacteur en chef de la Télévision et de la Radio algériennes en 1962, Mme Amina Belouizdad était une femme modeste et cultivée à la fois. «Elle avait acquis, dit-il, de l'expérience durant la guerre de Libération nationale et à l'indépendance de notre pays. Elle avait une forte présence à l'écran. C'était une mordue de lecture. Nous avons travaillé ensemble durant dix ans. Elle était mon assistante». Un autre de ses confrères, Faouzi Fodhil , ancien cadre de la Chaîne 1, témoigne : «Amina a travaillé avec moi à la radio quand elle a été mutée de la Télévision à la Radio nationale. A l'époque, j'étais chef de département de la programmation à la Chaîne 1. Ce que je retiens d'Amina, c'est qu'elle était une femme autodidacte qui voulait apprendre tous les jours. C'était une dame qui avait un esprit artistique. Elle aimait Oum Keltoum, Charles Aznavour. Elle aimait la musique classique. C'était une femme qui maîtrisait son domaine en qualité de présentatrice de télévision. Elle avait animé avec brio l'émission «Maghreb Vision». Ce que je lui disais en qualité de responsable, elle l'appliquait à la lettre. Son décès est une perte pour l'Algérie. On aurait pu lui demander de former les présentateurs de télévision et de radio. Il faut savoir qu'elle rendait service à tout le monde. Pour sa part, le comédien Saïd Hilmi précise qu'il a trop bien connu la défunte. «C'est elle qui m'a aidé dans mes rêves de jeunesse. J'avais seize ans à l'époque. J'étais son boulet. Elle me traînait partout. Rabéa Belouizdad me fait penser au noir et blanc. Qui va me faire aimer les couleurs ? Il faut que ce soient des couleurs de cœur et d'espoir. Malgré sa fatigue physique, Rabéa était toujours là. Pour nous, elle était le symbole de la beauté et de l'élégance», argue-t-il. De son côté, le musicologue Abdelkader Bendaâmeche indique que Amina Belouizda incarne l'histoire de la télévision. «Quand on dit l'histoire, précise-t-il, c'est le visage. Depuis que j'étais gosse, elle incarnait cette image. Après quand je suis rentré dans le monde de l'audiovisuel, je l'ai rencontrée pendant un certain temps. Je la considérais comme une mère qui me donnait des conseils. Elle était généreuse en matière de communication et d'information. Elle faisait carrément corps avec l'interlocuteur. Je souhaite que cette image se transmette à la génération montante pour garder ce visage. Car aujourd'hui, il y a moins de visages de la trempe de la regrettée Amina. Elle n'était pas journaliste ni productrice, mais elle était une icône».