Figure n Ceux qui avaient l'habitude de la voir sur le petit écran, annonçant tout en grâce les programmes, avec autant d'éloquence que d'élégance, se souviennent d'elle. Elle, c'est Amina Belouizdad, la première téléspeakerine algérienne qui officiait à la Télévision algérienne. Celle à qui nous étions habitués à sa présence distinguée et pour sa fière allure s'est éteinte hier, à l'âge de 83 ans, suite à un AVC, selon de sources proches de sa famille. Amina Belouizdad, née Rabéa Ali Chérif, a vécu à un moment de sa vie, un moment fort, solennel, d'intenses émotions, inoubliable, indescriptible. Elle a eu l'honneur d'annoncer à l'antenne l'historique nouvelle : la naissance de la jeune République algérienne démocratique et populaire. A l'époque, Amina Belouizdad avait derrière elle, quelques mois de télévision, puisqu'elle avait intégré, en 1958, la Télévision, appelée ORTF. Une expérience qu'elle avait mise à contribution à la RTA (Radio et Télévision algérienne). Dans une déclaration faite dans un entretien accordé au quotidien El Watan, Amina Belouizdad se souvenait : «J'avoue que j'ai commencé à travailler par nécessité. J'avais 3 enfants. Mon mari était fonctionnaire. Mes enfants grandissaient, leurs besoins aussi. Il fallait donc se mettre au boulot pour aider ma famille. Je n'avais aucune formation. J'étais une mère de famille dont l'ancrage traditionnel est connu, où les femmes ne travaillent pas, encore moins dans un milieu artistique comme la télévision. Cela a défrayé la chronique dans le cercle familial mais j'avais de mon côté, mon époux qui était d'accord et mon frère aîné. J'ai donc, commencé à exercer. A l'époque, l'ORTF demandait une télespeakrine bilingue. Je me suis présentée. On m'a fait subir des tests qui ont duré trois mois d'affilée. Je venais tous les jours avec un programme préparé, comme si je devais passer à l'antenne. J'étais maquillée, coiffée et je présentais le programme en étant filmée. Le film m'était projeté ensuite, pour corriger mes défauts. Je n'avais aucune formation. Je ne savais même pas en quoi consistait ce travail. Je n'avais même pas de téléviseur à la maison». Et de poursuivre. «J'avais la chance d'être bilingue. J'ai fait l'école française et parallèlement vu que je venais d'un milieu arabisant, mes parents tenaient absolument à ce que je fréquente les medersa libres. Tous les week-ends j'allais apprendre le Coran, et quelques notions de grammaire. Cela a été une base et petit à petit, je me suis formée avec l'aide de personnes que j'ai rencontrées à la télévision, et qui m'ont bien accueillie. D'ailleurs, je les en remercie vivement, je peux citer Si Abdelkader El-Haouari, Si Ahmed Tadlaoui, Si Athmane Amer, El-Hachemi Chérif, aussi qui était script à l'époque. Sid-Ali Baba Amar, Nacerdine El-Acimi... C'est grâce à eux, que j'ai pu accomplir ce travail très correctement». Yacine Idjer l Depuis, Amina Belouizdad, se révélant une figure emblématique du petit écran, une référence dans le métier, s'imposa comme la doyenne de nos téléspeakerines. Elle s'imposa, tout au long de sa carrière comme l'animatrice vedette. Elle était sans rivale et toute l'attention était braquée sur elle. A chacune de ses apparitions, elle parvenait toujours à attirer l'attention du téléspectateur afin de l'amener à s'intéresser à la suite du programme. Et ce qui plaît chez-elle pour ce dernier, c'est sa culture générale. En effet, Amina Belouizdad avait une excellente culture générale, une culture qu'elle avait acquise au fil de sa carrière. En plus, elle était bilingue. Elle avait capacité de maîtriser les deux langues arabe et français. Cela lui permettait de passer de l'une à l'autre, sans encombre, avec finesse et avec un accent particulier qui plaisait. Plus tard, lorsqu'on lui avait signifié qu'elle devait quitter l'antenne, Amina Belouizdad était mutée à la radio pour une autre et nouvelle aventure. Notons que la dépouille de la défunte a été exposée ce matin au palais de la culture Moufdi-Zakaria (Kouba, Alger), pour un dernier hommage avant d'être inhumée au cimetière de Sidi-M'hamed à Alger. Dans un message de condoléances adressé à la famille de la défunte ainsi qu'aux travailleurs de la Télévision nationale, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a rendu un hommage appuyé à la «doyenne des speakerines» de la Télévision algérienne.