Pour Sonatrach, c'est l'heure de faire des choix stratégiques durant cette crise. La compagnie doit faire face à des défis multidimensionnels afin de maintenir ses capacités de production et d'investissement. Les 10es journées scientifiques et techniques de Sonatrach ont clôturé leurs travaux jeudi à Oran. Ce rendez-vous biannuel se tient aujourd'hui dans un contexte particulier, celui de la crise. D'ailleurs, le PDG de Sonatrach a insisté, lors de son allocution de clôture, sur la conjoncture actuelle. Estimant que Sonatrach vit aujourd'hui un moment important, Amine Mazouzi a affirmé que c'est l'heure de faire des choix stratégiques pour une action effective sur le cours des événements. C'est dans ce sens justement que le premier responsable de Sonatrach a appelé le personnel du groupe pétrolier à «amorcer une vision novatrice dans son travail quotidien pour asseoir une dynamique participative à tous les niveaux, rechercher l'excellence et s'ouvrir davantage sur le monde». Il est vrai que les JST interviennent à un moment où Sonatrach se doit de faire face à des défis multidimensionnels afin de maintenir des capacités lui permettant de répondre à une demande interne sans cesse croissante tout en renforçant sa présence sur le marché international, à un moment où la rigueur est de mise. Il est vrai qu'une part importante des ateliers et tables rondes organisés au cours de ces JST ont été consacrées à l'activité amont. La question du transfert de technologies et de savoir-faire dans le cadre des partenariats a été largement abordée, tout comme l'amélioration des techniques de sismique pour l'exploration. La gestion des gisements matures a suscité également un vif intérêt, ceci d'autant que le recours à des techniques de récupération non encore utilisées en Algérie, telles que l'artificial-lift a été recommandé pour certains cas. Il a également été question d'exploration offshore et de gisements compacts. Cependant, la question du coût des investissements à consentir a suscité un débat. Le fait est qu'en mal d'engineering de qualité, l'entreprise peine à maîtriser ses coûts. La situation ayant abouti souvent à des réalisations bien trop chères et des retards dans les délais de réception des projets. Une situation née de l'interruption du processus d'évolution de l'engineering au sein de Sonatrach, selon les propos du consultant et ex-vice-président aval de la compagnie, Bachir Achour. La complexité des procédures et des clauses contractuelles ainsi que le manque de maturation des projets, aboutissant parfois à des litiges ont également été évoqués par les communiquants, lesquels n'oublient pas de mettre à l'index les facteurs exogènes, comme les lenteurs bureaucratiques. Ainsi, le manque de réactivité des agences de régulation et des services des Douanes a été mis à l'index. Engineering Au-delà des nombreuses difficultés, le recours aux acteurs nationaux dans la réalisation des projets de Sonatrach est recommandé. Un recours qui permettra de limiter l'importation d'équipements et de services ainsi que la réduction des coûts et délais de réalisation des projets. Un impératif qui nécessite d'ailleurs le lotissement des projets, estime M. Achour, qui pense que le recours aux contrats EPC ne doit plus être la règle. Encore faut-il disposer d'un engineering de qualité afin de maîtriser les challenges que peut engendrer le lotissement. C'est d'ailleurs dans ce sens que Sonatrach a procédé, en début d'année, à la signature d'un memorandum of understanding (MOU) avec le britannique Petrofac destiné, à terme, à la création d'une société conjointe d'engineering et de réalisation des projets. Demeure la question de l'intégration de l'industrie nationale aux projets de Sonatrach. Si la compagnie nationale a longtemps été mise à l'index pour son recours aux équipements et sociétés de services importés, les turbulences par lesquelles le groupe pétrolier est passé semblent avoir eu raison des réflexes ayant pu en partie le desservir. Se pose à partir de là la problématique de la disponibilité d'équipements répondant aux normes et installations du groupe. C'est dans ce sens qu'une table ronde a été consacrée à la question. Outre la promotion de la recherche et du développement ainsi que l'amélioration du climat des affaires, les intervenants ont plaidé pour la création de clusters. Il est également question de l'intégration d'entreprises du groupe mécanique (SGP Equipag) pour la fabrication d'équipements de rechange pour Sonatrach, à l'image de vannes hydrocarbures. Aussi, bien que ce ne soit pas la vocation du groupe pétrolier national de se lancer dans la fabrication d'équipements, rappelons qu'il a signé, au mois de janvier dernier, un protocole d'entente avec l'américain General Electric pour la création d'une société conjointe pour la fabrication d'équipements destinés à l'industrie des hydrocarbures.