En moins de 48 heures, 11 Palestiniens sont tombés en martyrs dans la bande de Ghaza, parmi lesquels une femme, une fillette de 2 ans et deux adolescents de 11 et 15 ans. Avec deux nouveaux martyrs, tombés hier à l'aube dans le sud de la bande de Ghaza, la petite enclave palestinienne entre de plain-pied dans la révolte populaire qui gagne les Territoires palestiniens occupés depuis le début du mois. Nour Hassane, âgée de 30 ans, enceinte de 5 mois et sa petite fille de deux ans dormaient paisiblement lorsqu'elles ont été ensevelies sous les décombres de leur maison qui s'est effondrée, soufflée par les explosions des missiles air-sol, lancés par des avions de chasse israéliens contre une position de la résistance palestinienne, distante de quelques dizaines de mètres. Trois autres membres de la famille, dont le père, ont été blessés au cours du raid qui a endommagé plusieurs maisons dans le voisinage. Au total, 11 citoyens sont tombés en martyrs en moins de 48 heures dans la bande de Ghaza, parmi lesquels une femme, une fillette de 2 ans et deux adolescents de 11 et 15 ans. C'est le plus grand nombre de tués et de blessés parmi les civils palestiniens dans la bande de Ghaza depuis la dernière agression israélienne sanglante de l'été 2014, qui avait fait plus de 2200 morts et 11 000 blessés. L'armée israélienne a expliqué les raids aériens d'hier contre deux positions de la résistance palestinienne, par le tir de deux roquettes palestiniennes dans la nuit de samedi à dimanche contre des localités proches de la bande de Ghaza. Des médias israéliens ont indiqué en outre que des soldats israéliens postés près de la frontière avec Ghaza avaient essuyé, dimanche, des coups de feu tirés par des Palestiniens. Soulèvement pacifique Le gouvernement israélien fait porter au mouvement Hamas, qui contrôle encore en solo l'enclave palestinienne, la responsabilité de toute opération armée contre ses soldats ou son territoire. La réponse est toujours la même : des raids aériens contre des positions des brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas ou contre ceux des Sarayas El Qods, la branche armée du Djihad islamique, la deuxième grande faction islamiste en Palestine occupée. Ce nouveau crime n'a fait qu'accentuer la colère des citoyens de la bande de Ghaza dont beaucoup réclament déjà une réponse de la part des factions armées palestiniennes, même si une telle réponse pourrait entraîner une nouvelle grande confrontation dans ce territoire meurtri par trois guerres en moins de six ans. Cela pourrait faire l'affaire du gouvernement israélien. Celui-ci aura ainsi la possibilité de faire oublier à la communauté internationale les crimes que commettent quotidiennement ses troupes en Cisjordanie occupée, où la révolte populaire palestinienne a gardé un caractère pacifique. Les jeunes n'usent que de pierres contre l'armada israélienne. Seules quelques attaques à l'arme blanche y ont été signalées. Et il s'agit en plus d'actions individuelles. La Cisjordanie occupée a encore vécu, hier, les mêmes scènes. Des heurts violents ont opposé des centaines de jeunes Palestiniens aux forces de l'armée d'occupation israélienne. Ces dernières usent de tous les moyens de répression dont des balles réelles et en caoutchouc, des bombes lacrymogènes et assourdissantes pour réprimer le soulèvement. Un nouveau martyr a été signalé, dans la matinée d'hier, dans le camp de réfugiés de Chaafat, dans la ville sainte d'El Qods. Il a succombé à des blessures contractées la veille dans la nuit, dans le camp où il a été renversé par un véhicule conduit par un colon israélien. C'est le troisième jeune Palestinien du camp de Chaafat à tomber en martyr depuis le début du mois. En début d'après-midi, des heurts violents opposaient encore des jeunes de l'université El Najah de Naplouse à des forces israéliennes près du barrage militaire de Houarra. Le Croissant-Rouge palestinien parle de 20 blessés par balles réelles, tous évacués vers l'hôpital de Rafidia, à Naplouse. Des confrontations semblables ont eu lieu aux alentours de l'université d'Abou Dis et celle de Khdouri, dans la ville sainte. Ces heurts ont fait plus de 50 blessés parmi les étudiants palestiniens. Donc après les étudiants de l'université Enajah, proche de Ramallah, samedi, ce sont ceux de trois autres universités de la Cisjordanie occupée qui se soulèvent. Ceci devrait plutôt inquiéter les autorités israéliennes. Les universités sont de véritables réservoirs de militants palestiniens et ont une très grande influence sur le reste de la société palestinienne. Lorsque l'université bouge, généralement toute la société la suit. Complicité internationale Au plan international, quelques pays occidentaux ont réagi à la situation. C'est le cas de la présidence française qui a exprimé son inquiétude vis-à-vis des événements en Palestine occupée. «L'escalade des violences dans les territoires occupés et à Jérusalem est extrêmement préoccupante et dangereuse», a-t-elle déclaré hier dans un communiqué. Mais l'Organisation des Nations unies et les autres pays influents au sein de la communauté internationale, tels les Etats-Unis, restent toujours silencieux. Les 25 morts, les centaines de blessés et les dizaines de Palestiniens arrêtés ne semblent pas suffisants à faire bouger une communauté internationale qui se caractérise par son inaction et son inertie lorsque les victimes sont palestiniennes et le bourreau israélien. D'ailleurs, c'est ce qui encourage ce pays hors-la-loi à violer encore plus le droit international. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a vivement dénoncé les crimes perpétrés par l'occupant israélien contre le peuple palestinien. Il a, par ailleurs, accusé le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu de vouloir salir les réussites diplomatiques obtenues par la direction palestinienne. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a souligné, en outre, que la «folie» qui s'est emparée du gouvernement israélien et des colons indique que les Palestiniens n'ont pas de partenaire dans la recherche de la paix, ce qui impose à la communauté internationale de prendre ses responsabilités envers le peuple palestinien et de mettre un calendrier défini et clair pour mettre fin immédiatement à l'occupation. Ce énième appel de détresse sera-t-il enfin entendu ?