Cinq jeunes Palestiniens sont encore tombés en martyrs, hier, ce qui porte à douze le nombre de tués en 24 heures dans les Territoires occupés. Un adolescent de 16 ans, Ishac Badran, a été abattu par des soldats israéliens dans le quartier de Mesrara, dans la ville d'El Qods, hier matin, après avoir réussi à blesser deux colons israéliens à l'arme blanche. Dans une opération similaire, un autre jeune, dont l'identité n'est pas encore connue, a été tué après avoir poignardé trois soldats israéliens près de Bab El Amoud, une des portes conduisant à la vieille ville d'El Qods. Enfin, un enfant de 11 ans a été tué à l'est de Khan Younès, près de la frontière sud de l'enclave palestinienne. Les deux autres, Djamal Salah, 20 ans, du camp de réfugiés de Chaafat, dans la ville d'El Qods, et Djihad Laabeid, 22 ans de la ville de Deir El Balah, dans le centre de la bande de Ghaza, ont succombé à des blessures contractées la veille ; le premier dans des heurts ayant opposé des jeunes du camp de Chaafat et des soldats israéliens qui s'y sont introduits dans la nuit de vendredi à samedi. C'est le deuxième jeune martyr signalé à Chaafat depuis le début de ce nouveau cycle de violences en Cisjordanie occupée. Quant au jeune Djihad, de la bande de Ghaza, il avait été gravement blessé vendredi après-midi alors qu'il participait à une manifestation près de la clôture qui tient lieu de frontière entre l'enclave palestinienne et l'Etat hébreu. Des soldats israéliens postés près de la frontière n'ont pas hésité à tirer sur la foule avec des balles réelles, alors qu'elle n'était d'aucun danger réel pour eux. Ils ont tué sept jeunes sur le coup et blessé près de 150 autres, dont dix gravement. D'autres blessés peuvent succomber à tout moment. Selon les services de la santé palestinienne, plus de 200 citoyens ont été blessés ces dernières 24 heures. Parmi eux, un jeune médecin de la ville d'El Khalil dont l'œil gauche a été énucléé par une balle en caoutchouc. La journée de vendredi a été la plus sanglante depuis le 3 octobre, lorsque le jeune Mouhanad Al Halabi, 19 ans, de la localité d'El Bireh, proche de Ramallah, a été abattu par des soldats israéliens après avoir tué au couteau deux colons israéliens et gravement blessé deux autres dans la vieille ville d'El Qods. C'était en réaction aux violations quotidiennes de l'Esplanade des Mosquées et de la mosquée Al Aqsa par des extrémistes juifs. Ces violations se sont intensifiées durant le mois de septembre où se multiplient les fêtes religieuses juives. Les obsèques des martyrs ont rassemblé, hier en début d'après-midi, des milliers de citoyens, que ce soit à Ghaza ou en Cisjordanie occupée. La foule en colère a appelé à poursuivre le combat et à venger les victimes palestiniennes. La ville d'El Khalil a été complètement paralysée par une grève des commerçants, en signe de protestation contre les exactions et les assassinats israéliens. Moins intenses que la veille, des heurts entre jeunes Palestiniens armés seulement de pierres ont été signalés, hier, en différents endroits de la Cisjordanie occupée. Près de la colonie de Beit Il, proche de Ramallah, cinq jeunes Palestiniens, des étudiants de l'université de Birzeit, ont été blessés, dont deux par des balles réelles et trois par des balles en caoutchouc. La foule est sortie de l'université et s'est dirigée vers le barrage militaire israélien érigé près de la colonie en question ; les étudiants ont été accueillis par une pluie de bombes lacrymogènes, de balles réelles et en caoutchouc. Dans la bande de Ghaza, qui a vécu trois horribles guerres en moins de 6 ans, des milliers d'écoliers ont manifesté dans la localité de Beit Hanoune, proche de la frontière nord avec Israël. Mais, heureusement, aucune victime n'a été signalée. Le gouvernement palestinien réclame une enquête internationale Le gouvernement palestinien présidé par Rami El Hamdallah fait porter la responsabilité des crimes commis à l'armée de l'occupation israélienne et aux hordes de colons extrémistes contre le peuple palestinien désarmé. Dans un communique publié hier, le gouvernement palestinien dénonce ces crimes perpétrés sous la protection et avec la légitimation du gouvernement de Benyamin Netanyahu. Il a appelé en même temps le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à former, rapidement, une commission internationale chargée d'enquêter sur tous les crimes et exactions commis par Israël contre le peuple palestinien, qui sont des infractions au droit international et humanitaire, aux droits de l'homme et aux Accords de Genève. Le gouvernement palestinien a rappelé que 17 Palestiniens ont été tués depuis début octobre et plus de 1000 autres ont été blessés par des balles réelles et en caoutchouc ; il a aussi cité les exécutions sommaires des jeunes Hadil El Hachlamoune à El Khalil et Fadi Aloune à El Qods, ainsi que les tentatives d'écrasement d'autres, par des véhicules de l'armée d'occupation israélienne. Le gouvernement palestinien a enfin renouvelé l'appel à la communauté internationale concernant la nécessité de fournir une protection au peuple palestinien, dans le cadre du soutien aux efforts diplomatiques visant à mettre un terme à l'occupation et l'établissement d'un Etat palestinien indépendant avec la ville sainte d'El Qods comme capitale. De son côté, le ministre israélien de la Guerre, Moshe Yaalonw, a déclaré à la télévision, dans la soirée de vendredi, que «l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas n'est plus un partenaire pour la paix». Pourtant la veille, le même Mahmoud Abbas, dont la ligne politique pacifique est critiquée par les Palestiniens eux-mêmes, avait déclaré à Ramallah «être pour une solution de paix au conflit avec Israël» et qu'il refusait toute escalade sécuritaire ou militaire avec l'Etat hébreu.