Au lendemain du lancement de l'opération de versement de la deuxième tranche du prix de leur logement, les souscripteurs au programme Logement promotionnel public (LPP) ne décolèrent pas. «Stop à l'arnaque», «Je ne suis pas riche» ou encore «Cadres algériens SDF», sont les slogans sur les banderoles brandies par une centaine de cadres et d'intellectuels souscripteurs à la formule LPP rassemblés, hier, devant la direction générale de l'ENPI à Alger. «Nous sommes décidés à ne pas baisser les bras jusqu'à ce qu'on ait eu notre droit à un logement dans les mêmes conditions établies au lancement de cette formule», s'emporte Djamel, un des manifestants, médecin de son état. Il dénonce les deux poids, deux mesures de l'Etat dans le prix des logements des formules AADL et LPP. «Pour une différence de salaire qui ne dépasse pas les 10 000 DA, un logement LPP dépasse celui AADL de près de 10 millions de dinars. Contrairement aux déclarations de M. Tebboune, ministre de l'Habitat, nous ne sommes pas riches, le pouvoir d'achat se détériore et actuellement nous payons les loyers. Alors une telle somme pour un appartement dont la qualité est encore à vérifier », ajoute-t-il. Dans la foulée, une quinquagénaire, cadre dans une entreprise publique, revient sur le prix du mètre carré qui, selon elle, connaît une inflation selon «l'appétit» des responsables. «Le jour où nous avons témoigné notre volonté pour l'obtention de ces logement, nous avons fait confiance aux engagements officiels du ministre de l'Habitat sans nous douter qu'ils allaient se permettre une telle augmentation et nous obliger à nous y plier sous la menace de nous exclure de ce dispositif», s'insurge-t-elle avant de s'interroger sur la signification de la mention «public» dans le nom de la formule. Une jeune ingénieure en informatique prend la parole et remet en cause les déclarations officielles des responsables du secteur, dont le ministre qui a clairement déclaré que le prix du logement est «raisonnable» par rapport à celui imposé par les promoteurs privés : «Comment peut-il dire cela alors que les prix sont presque similaires et si nous continuons notre démarche d'achat, nous n'aurons pas d'acte de propriété, même si nous payons la totalité du prix du logement. La raison est que l'ENPI construit sur des terrains dont elle ne détient aucun acte. La plupart sont des terrains privés dont les propriétaires ont été expropriés. Nous avons l'impression que l'Etat cherche un désistement massif pour pouvoir céder ces logements aux barons de la mafia du foncie.» Les souscripteurs qui ont déjà retiré les ordres de versement sont des commerçants auxquels le problème de ressources financières ne se pose pas. «Ce qui n'est pas le cas des salariés comme nous. Nous sommes des citoyens qui ne demandent qu'un toit. Nous n'appartenons à aucun courant politique et nous ne voulons nullement commencer un printemps arabe dans notre pays», rétorque un souscripteur lésé. Les souscripteurs à la formule LPP crient à la hogra, à l'injustice et au mépris que ne cessent de démontrer les autorités à leur encontre. Ils ne comptent aucunement se désister, encore moins abandonner leur cause ; ils veulent être traités comme tous les souscripteurs aux programmes de logement et non comme des richards qu'ils ne sont pas. Pour rappel, les souscripteurs à cette formule ont déjà tenu plusieurs sit-in devant l'ENPI et le ministère de l'Habitat. Leurs principales revendications restent la révision du prix du mètre carré, la levée de l'obligation de crédit bancaire avec intérêt et la possibilité de payer selon un échéancier ou par un crédit sans intérêt, l'adoption des mêmes modalités de payement de la formule location-vente AADL, la révision à la baisse du montant de la deuxième tranche, la publication de la liste officielle de tous les sites du programme LPP afin de garantir toute la transparence dans l'affectation des logements, la définition des aspects techniques du «haut standing» annoncé et non défini dans le cahier des charges et enfin des réponses aux recours de plusieurs postulants et l'agrément du collectif, dont la demande est restée lettre morte à ce jour.