La crise des pays émergents risque de plomber les cours du brut qui pourraient encore baisser de 13%, selon les estimations de la Banque mondiale (BM), ce qui risque d'affecter fortement les économies des pays exportateurs de pétrole, dont l'Algérie. Dans un rapport intitulé «Inégalités, soulèvements et conflits dans le Monde arabe», publié le 21 octobre, la BM prévoit un creusement important des déficits en Algérie en 2015, lesquels ne devraient que très légèrement se résorber en 2016 et 2017. C'est ainsi que la BM table sur un déficit budgétaire 11,5% du PIB et un solde négatif du compte courant de -15% du PIB en 2015. La crise économique mondiale entre dans sa troisième phase. Ainsi, et après avoir ébranlé le système financier mondial au lendemain de l'éclatement de la bulle des subprimes en 2008 et plongé la zone euro dans une crise des dettes souveraines dès 2010, c'est aujourd'hui au tour des pays émergents d'en découdre. Baisse des prix des matières premières, correction de la Bourse chinoise et dépréciation du renminbi, doutes sur le relèvement des taux de la Réserve fédérale américaine et décélération de la croissance sont les principaux symptômes de cette nouvelle phase de la crise qui s'annonce. Dans ce contexte, les indicateurs macroéconomiques des pays exportateurs de pétrole de la région MENA pourraient en être fortement touchés. Selon les prévisions de la BM, la croissance du PIB régional devrait se maintenir autour de 2,8% en 2015, chiffre inférieur aux prévisions d'avril. L'institution de Bretton Woods estime, par ailleurs, que «même si elle est cette année légèrement supérieure à celle de l'an dernier, la croissance globale de la région ne dépasse pas les 3% depuis trois ans». C'est ainsi que la BM table pour l'Algérie sur une croissance 2,8% en 2015, de 3,9% en 2016 et de 4% en 2017. Cependant, pour les équilibres budgétaires et le solde du compte courant, les perspectives s'assombrissent. Selon la BM, le déficit budgétaire devrait atteindre 11,5% du PIB en 2015, 9,4% en 2016 et 6,4% en 2017, alors qu'il était à 0,3% en 2013. Concernant les comptes extérieurs, l'Algérie renoue avec les déficits. C'est ainsi que le rapport de la BM table sur des soldes négatifs du compte courant à -15% du PIB en 2015, à -13,8% en 2016 et à -13,1% en 2017. L'institution de Bretton Woods explique ainsi que «les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l'Algérie subissent les effets négatifs de la faiblesse des cours du pétrole et de l'absence d'ajustements budgétaires». Les cours baisseraient de 13% Et d'ajouter que la majorité des pays exportateurs de pétrole ont connu un recul d'environ 40% ou plus de leurs revenus pétroliers, entraînant un important préjudice pour le secteur et une chute de la production. C'est ainsi que la croissance globale du groupe de pays en développement exportateurs de pétrole devrait atteindre 1,3% en 2015, légèrement au-dessus du niveau de l'an dernier, grâce principalement à une probable reprise progressive en Libye et en Irak. Cependant, la BM estime que «la levée des sanctions et le retour de l'Iran dans l'économie mondiale pourraient contribuer à mettre un million de barils de brut supplémentaires par jour sur le marché international, entraînant une baisse des cours estimée à 13%. Ce recul des prix aura des répercussions négatives sur l'économie déjà fragilisée des pays exportateurs de pétrole». La BM estime aussi qu'«un nouveau recul des prix du pétrole, conjugué au maintien des régimes de dépenses budgétaires actuels, pourrait maintenir la région MENA au bord du gouffre».