Tôt dans la matinée d'hier, les services de sécurité ont fait irruption dans un appartement où était séquestré le petit Amine Yarichène, disparu depuis près de 15 jours. Toujours frappée du sceau de la confidentialité, l'enquête menée par la Gendarmerie nationale et la police a porté ses fruits, en attendant de livrer les secrets du rapt. Tôt dans la matinée d'hier, les services de la Gendarmerie nationale et de la police ont investi un appartement, situé à El Mohammadia, à l'est d'Alger, où le jeune Amine Yarichène était supposé être séquestré depuis son enlèvement le 21 octobre dernier, devant son domicile situé au quartier du 11 Décembre à Dély Ibrahim. Frappée du sceau de la confidentialité, l'enquête menée par la Gendarmerie nationale et la police a donné ses fruits grâce à deux indices dont l'examen nécessitait des moyens techniques, mais aussi du temps. Le premier concerne les images vidéo enregistrées par les caméras de surveillance placées sur les grandes artères du quartier de Dély Ibrahim et reliées à un réseau de télésurveillance du trafic routier de la capitale, montrant Amine sur une moto, assis entre deux hommes portant des casques. Pour les enquêteurs, la thèse de l'enlèvement était la plus plausible. Il fallait juste attendre que les auteurs du rapt se manifestent. Deux appels téléphoniques, un donné à partir de la France et l'autre d'Alger, demandant au père d'Amine de payer une rançon, dont le montant serait discuté en France, un pays qu'il connaît assez bien pour y avoir vécu durant des années. Les enquêteurs se sont intéressés beaucoup plus à l'appel donné à partir d'Alger, qui les mène à un quartier de Mohammadia, puis à l'appartement mis sous scellés depuis plus de trois ans suite à une affaire de trafic de drogue, avec des ramifications en France. Hier, dès le lever du jour, vers 6h, les gendarmes ont donné l'assaut et découvert Amine ainsi qu'un des ravisseurs, qui s'avère être un très proche ami de son père, pour lequel, «il a été d'un soutien irréprochable. Le suspect est considéré comme un membre de la famille et pas seulement comme un ami», révèle Mohamed, le voisin d'en face, ajoutant : «Jusqu'à maintenant, je n'arrive pas à y croire. Amine a dû le suivre les yeux fermés sans aucune résistance. Il l'aimait beaucoup.» Pour lui et pour toute la famille Yarichène, c'est le choc. Tout le quartier est en ébullition et les discussions tournent surtout autour des circonstances de cette libération, accueillie avec des feux d'artifice, des fumigènes et des youyous. Un monde fou se bouscule devant la villa des Yarichène. Le silence, qui pesait depuis 13 jours sur ce quartier huppé de la capitale, s'est brisé pour laisser place aux manifestations de joie. L'arrivée du petit Amine, vers 14h30, en compagnie de son père et de son oncle, est fortement applaudie. Très affaibli, Amine sourit à la foule, fait un signe de la main, puis se jette dans les bras de sa grand-mère, sous les youyous stridents des nombreuses femmes qui l'entourent. L'image est poignante. Les larmes de joie se mêlent aux soupirs de délivrance. Même si l'enfant n'a subi aucune violence physique ou sexuelle comme l'ont certifié les médecins légistes, il a dû vivre un véritable traumatisme qu'il n'est pas près d'oublier. Son enlèvement est devenu le sujet phare de l'opinion publique aussi bien sur les réseaux sociaux qu'à travers les médias publics et privés. Pour les services de sécurité, les investigations sur les circonstances de ce rapt ne sont toujours pas terminées. «Il y a trop de coïncidences et de zones d'ombre qui laissent croire que le mobile pourrait ne pas être lié uniquement à la rançon», révèlent des sources judiciaires. Selon elles, il ne s'agit pas d'un cas isolé. «C'est le coup classique des enlèvements d'enfants. A part quelques exceptions, dans toutes les affaires de ce genre, les auteurs font partie de l'entourage immédiat de l'enfant», expliquent nos interlocuteurs. Ils citent, comme exemple, les 14 affaires d'enlèvements d'enfants suivis d'abus sexuels et ou d'assassinat, enregistrées par les services de police durant les 12 dernières années (2003-2015) à travers le territoire national, où les auteurs se comptent tous dans l'entourage immédiat des victimes. Ce qui appelle à une plus grande prise de conscience des parents, sommés d'apprendre à leurs enfants à être plus vigilants et à les sensibiliser sur le danger de la rue. Aussi bien les services de police et que ceux de la Gendarmerie nationale n'ont de cesse de mettre en garde la société sur la hausse inquiétante de la pédophilie et des kidnappings d'enfants, des fléaux qui se nourrissent souvent de la démission parentale. S'il est avéré que ces affaires nécessitent des techniques modernes et de la science pour arriver à des résultats rapides comme cela a été le cas dans l'affaire d'Amine, il n'en demeure pas moins que du côté de la société civile, il reste beaucoup à faire pour responsabiliser les Algériens sur ces maux sociaux qui menacent les foyers et traumatisent la famille algérienne.