L'instigateur du kidnapping n'est autre que l'ami intime du père de l'enfant. Ce ravisseur, à la tête d'un important réseau, avait participé à la marche du 27 octobre dernier pour exiger la libération de cet enfant enlevé devant le domicile familial. Le petit Amine Yarichène, un enfant de 7 ans, kidnappé le 21 octobre dernier à la Cité 11-Décembre 1960, à Dély-Ibrahim, sur les hauteurs d'Alger, a été libéré, hier matin, par les services de la Gendarmerie nationale. Hier, vers 7h, les parents d'Amine ont reçu un appel téléphonique des enquêteurs les informant de la délivrance de leur enfant, retrouvé sain et sauf, à l'intérieur d'une villa à El-Harrach. Selon les premiers éléments de l'enquête, c'est à la suite de la localisation des ravisseurs et des recoupements de renseignements que les services de la Gendarmerie nationale ont donné, vers 5h du matin, l'assaut pour libérer Amine des mains de ce groupe de criminels. Tous les moyens ont été mobilisés pour retrouver le petit Amine et l'extension de l'enquête a même touché les wilayas de Tipasa, de Boumerdès et de Blida où des hélicoptères ont été déployés. La nouvelle, la bonne nouvelle, fera vite le tour des réseaux sociaux. Le soulagement est perceptible à notre arrivée, à 8h15, sur les lieux du kidnapping. Les youyous fusaient de partout. Une marée humaine ne tarde pas à se former près du domicile des Yarichène. Pendant ce temps, Amine était soumis à des examens médicaux, indique une source à Liberté, ainsi qu'à une première prise en charge psychologique. Même sain et sauf, l'enfant a été retrouvé dans un état lamentable. Ses ravisseurs encagoulés, racontent ses proches, l'ont séquestré dans une chambre et lui servaient de l'eau, du pain et du thon en boîte. Le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs ne tardera pas à réagir pour mettre fin aux spéculations en affirmant que "l'enfant a été libéré sain et sauf". "Il était séquestré dans une villa scellée depuis plusieurs mois, son propriétaire étant impliqué dans une affaire de trafic de drogue. Son propriétaire et l'instigateur du kidnapping connaissaient son père (...). Les criminels ont été interpellés par la Gendarmerie nationale et l'instruction suit son cours." Selon notre source, trois ravisseurs, dont l'instigateur, à savoir "l'ami" du père d'Amine, ont été appréhendés lors de l'assaut donné par les éléments du Détachement spécial d'intervention (DSI) et des Sections de sécurité et d'intervention (SSI). Deux autres individus, identifiés et activement recherchés, sont en fuite. À 10h, une équipe médicale débarque au domicile des parents d'Amine. Vers 11h, Adlane, un ami de la famille Yarichène, arrive sur les lieux. Il est accueilli par des youyous. Ce "Colombo", comme aiment à l'appeler les jeunes du quartier, suspectait l'instigateur depuis quelques jours et a fourni de précieuses indications à la famille. Le grand-père d'Amine, visiblement soulagé, sort de son silence : "Je demande, devant vous tous, à la justice algérienne de faire son travail. On exige la peine de mort pour les ravisseurs. Elle doit leur infliger un châtiment exemplaire pour que cela ne se reproduise plus. Car nul n'est à l'abri." Les proches d'Amine n'arrêtaient pas de faire défiler, sur leurs téléphones mobiles, la photo du principal instigateur. "Il vivait avec nous, il voyageait avec nous et avait participé à l'organisation de la marche. Il criait à haute voix : ‘Libérez Amine !' Mieux, il veillait avec nous jusqu'à une heure tardive et exprimait sa compassion", témoignaient les jeunes cousins d'Amine. Celui-ci n'arrive qu'à 14h, escorté par des unités spéciales de la GN et des équipes de l'INCC (Institut national de criminologie et criminalistique). Au domicile parental, les scènes de liesse se multiplient au fur et à mesure que des enfants, des parents d'élèves, des amis d'Amine, des amis et proches arrivent, les uns après les autres. Son père, heureux de retrouver son petit, n'en revenait pas. "Dieu merci, mon fils a été délivré des mains de ses ravisseurs. C'est tout ce que je peux dire", déclare, ému, Mohamed. Les commentaires vont bon train, tandis que les circonstances exactes de l'enlèvement du petit Amine demeurent encore floues, d'autant que les conférences de presse annoncées ça et là n'ont pas eu lieu. Aux dernières nouvelles, les enquêteurs avaient exploité toutes les caméras de surveillance pour reconstituer le scénario plausible de l'enlèvement et ont usé de gros moyens pour déceler le moindre détail pour mieux avancer. Selon une source crédible, neuf individus avaient été interpellés au lendemain d'une marche organisée sur les hauteurs d'Alger pour exiger la libération d'Amine. Mais ces personnes ne tarderont pas à être relâchées. Du coup, les gendarmes ont privilégié une nouvelle piste, à savoir la traçabilité et l'identification, puis la localisation de l'instigateur du kidnapping et de ses acolytes. Entre-temps, l'enfant souffrait et appelait son père et sa mère à venir à son secours. La mystérieuse villa d'El-Harrach ne tardera pas à révéler ses secrets. En attendant les résultats de l'instruction, ces trois criminels risquent une lourde peine pour association de malfaiteurs, enlèvement et séquestration d'un enfant, chantage et demande de rançon. L'usage de ladite villa, scellée dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, constitue une circonstance aggravante. Parole à la justice... F.B.