En ce 53e anniversaire du retour de la souveraineté nationale sur notre système audiovisuel, il m'a paru tout à fait indiqué de rappeler aux jeunes générations l'icône de la radiotélévision que fut Amina Belouizdad, qui vient de nous quitter, après une courte maladie. Pour ce faire, je me permets de reprendre un témoignage paru dans mon livre Si Belcourt m'était conté. C'est ainsi également qu'un certain 28 octobre 1962 entrera dans l'histoire, puisque commémoré chaque année : ce jour-là, après le départ massif et précipité des cadres français, les techniciens algériens de la télévision - une véritable armée des ombres - réussirent, après des efforts surhumains, l'exploit de faire redémarrer la mécanique de l'image. Une belle tête brune apparut alors sur le petit écran et, d'une voix chargée d'émotion, annonça la Naissance de la Télévision Algérienne, qui allait désormais répercuter aux quatre coins du monde la voix de l'Algérie enfin libre. Cette voix, c'était celle d'Amina Belouizdad, une Belcourtoise de 31 ans en 1962, fille d'un ancien médersien de grande culture et future mère de trois brillants universitaires. Elle a été l'une des rares indigènes de son époque à avoir pu accéder,en 1967, à un poste aussi sensible que celui de l'information. Amina Belouizdad (Rabea Ali chérif) anima avec talent les émissions de la chaîne de télévision nationale jusqu'en 1987 ! C'est dire combien sa voix et sa tête étaient devenues familières aux Algériens et même au-delà de nos frontières. Je ne peux fournir de meilleur témoignage de la grande classe de notre présentatrice de télévision que l'entretien qu'elle accorda à une journaliste du magazine Nass Bledi du 16 juin 2006. A cette présentation fort élogieuse, qui se suffit à elle-même, j'aimerais apporter tout de même un complément d'information. La famille d'Amina, les Ali Chérif, et la mienne habitaient le même quartier, Belcourt, à la célèbre Allée des mûriers, mémoire des Belcourtois. Mon frère aîné, Ahmed, était même leur plus proche voisin. J'ai connu Amina à peine sortie de l'enfance, 12-13 ans je crois. Elle allait à l'école de filles de la rue Darwin et était une brillante élève. Mais les traditions et les exigences sociales de l'époque ne lui permirent pas de pousser plus loin ses études et dut rentrer au bercail dès la puberté, avec voile et sorties réglementées jusqu'à son mariage avec Belouizdad, à l'âge de 16 ou 17 ans. En dehors des présentations du journal télévisé, je ne reverrai Amina qu'en 1994-1995, à Abu Dhabi, où travaillaient à l'époque nos enfants, Othmane et Amine, les siens, et mon fils Habib, devenus de très bons amis.… Ainsi devait s'achever cette chronique belcourtoise qui m'a souvent amené à évoquer des situations et des persennalités non prévues initialement. Mais...