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Au rythme des flâneurs
Sétif
Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2004

Carrefour entre le nord et le sud, l'est et le centre du pays, Sétif occupe une position stratégique non négligeable. Cet ancien grenier à blé, situé à plus de 1000 m d'altitude, est réputé pour être une cité hospitalière et généreuse.
Sétif est connue sous le nom actuel de Stif El Aâli, ville haute, tel que ses enfants aiment à l'appeler. Fermant à l'Ouest les hautes plaines du Constantinois, Sétif est le débouché méridional naturel de certains massifs du Tell oriental. Cette double donnée géographique a fortement influencé le sort des cités qui se sont succédé sur le site, que ce soit d'Azdif la Numide, à Sitifis l'antique, Satif médiévale, Sétif contemporaine. Le nom actuel reprend l'appellation de l'antique Sitifis qui pourrait indiquer, par son origine locale, une occupation pré-romaine. Le mot Azdif signifie en langue berbère « noir ». Cette couleur pourrait avoir un lien avec la couleur de ses terres fertiles qui ont attiré les hommes depuis plus de dix-neuf siècles.
Terre noire
La ville a été fondée comme Djemila (Cuicul) à la fin du 1er siècle (en 97-98) après J.-C. par l'empereur Nerva sous le nom officiel de Colonia, Nervana, Augusta, Martialis, Verteranorum, Sitifensium. Le caractère judicieux d'une telle implantation, insérée dans une région céréalière où les communications sont aisées, a permis à Sitifis de tirer profit de sa position entre les deux zones complémentaires qui sont le Tell et le Sahara. Le rôle purement économique ne peut être dissocié de la fonction stratégique de la cité, véritable verrou vers l'Ouest et le Sud, Sitifis assurait largement la protection des territoires occupés par Rome. En 429, la région fut occupée par les Vandales après avoir sombré dans les révoltes locales. Elle ne réintègre l'empire qu'entre 442 et 455. En 539, elle devint la capitale d'une province de l'empire de la Mauritanie première. C'est à partir du milieu du VIe siècle que s'est effectué le rattachement de la région à la province de Numidie.
Aïn El Fouara, déesse ensorceleuse
A l'époque turque, Satif était dominée par les grandes familles locales dont les Ameurs étaient la grande faction. La colonisation française atteignit Sétif, le 15 décembre 1838. La capitale des Hauts-Plateaux recèle des richesses culturelles et artisanales précieuses. Grâce à son « trésor », Sétif exerce encore et toujours une irrésistible attraction autant sur ses habitants que sur les visiteurs fascinés par la beauté d'El Aâli. La sublime cité s'inscrit dans un décor où s'enchevêtrent des jardins séculaires, ruines romaines et une architecture spécifique enchantant le visiteur qui ne peut tourner le dos à la déesse Aïn El Fouara. Pour se désaltérer et perpétuer la légende : « Celui qui boira de son eau y reviendra » des jeunes époux d'Alger Samir et Nesrine, en partance pour la Tunisie pour y passer leur voyage de noces, ont tenu à boire l'eau bénie. Sétif est désormais une destination qui retient des touristes en mal d'exotisme. C'est aussi une ville frimeuse somptueuse et tapageuse. L'antique Sitifis, qui est une cité de bâtisseurs et d'entrepreneurs lovée au milieu des plus somptueuses plaines de blé, est en outre le cinquième pôle universitaire du pays. Sétif possède des voies concentriques, si bien que tout est près de tout, à portée du flâneur. Pas besoin d'être un marathonien pour en faire le tour. Aïn El Fouara est l'épicentre, le théâtre, œuvre de l'architecte Fernand Imbert, qui aurait été inauguré en novembre 1896, est à deux minutes de la fontaine. Tout comme le parc d'attractions jouxtant les ruines romaines et le jardin Barral. Quelques pas de plus vers la principale avenue, longue de plusieurs kilomètres, on débouche sur une autre fontaine (Aïn D'roudj). Le jardin de l'Emir Abdelkader (ex-jardin d'Orléans) implanté à proximité de la porte d'Alger (rayée) est l'autre trésor de l'antique. Ce grand espace vert est, grâce aux ruines romaines, un véritable musée à ciel ouvert, lieu de promenade de premier ordre. La cité du 8 Mai 1945 est depuis un certain temps la destination des gens du Sud, de Biskra notamment. Mohamed-Saïd en parle : « Sétif vaut, pour une multitude de raisons, le détour. Cette ville, qui se trouve à une heure de la mer, me fascine car elle est belle et propre, joyeuse et vivante. Elle est aussi une ville commerçante où l'on peut faire de très bonnes affaires. Ici, on ne s'ennuie pas. » Le visiteur s'enivre en faisant un tour du côté du village nègre, du Z'kak El Tamara (vendeurs de dattes), des arcades occupées par les agents du change et les professionnels du madjboud. Les virées du côté de la forêt de Bousselam, de l'aéroport, du 2e pôle universitaire, du musée national et des autres placettes de l'antique envoûtent.


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