Malgré les campagnes de sensibilisation et toutes les alertes sur les complications graves qu'engendre le diabète, le nombre de personnes atteintes par cette maladie augmente chaque année. Plusieurs études réalisées en Algérie ont révélé la hausse inquiétante du taux de prévalence de cette pathologie. Un taux qui serait passé de 8% en 1998 à 16% en 2013, soit le double en 15 ans. Des chiffres jugés inquiétants par les spécialistes, qui craignent une explosion de la pathologie. C'est pourquoi ce n'est jamais assez d'informer, de communiquer et d'éduquer. Ainsi, à l'occasion de la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre, les laboratoires Bayer Diabete Care et Biopharm ont organisé hier une journée portes ouvertes de sensibilisation, prévention et dépistage du diabète au niveau du Jardin d'essai d'El Hamma. Une manifestation qui a drainé une foule importante dès l'ouverture du jardin. Venus des différents quartiers de la capitale, femmes, enfants, hommes et jeunes se sont agglutinés devant les différents stands et ateliers médicaux animés par des professionnels de la santé, médecins, diabétologues, endocrinologues, diététiciens, psychologues et infirmiers, où des explications et des conseils sur la maladie leur ont été fournis. Les ateliers sur le dépistage, prévention, diététique, auto-surveillance et pied diabétique n'ont pas désempli durant toute la matinée. Les premiers sont destinés aux non-diabétiques pour, justement, se faire dépister et recevoir toutes les explications sur la maladie, son évolution et les risques de complications. D'ailleurs, parmi ces personnes qui ne se savaient pas diabétiques, certaines ont été dépistées positives, c'est-à-dire avec une glycémie élevée. Une consultation est alors assurée avec tous les conseils nécessaires pour la prise en charge de la maladie et l'atelier diététique prend le relais pour donner des informations sur le régime alimentaire et comment constituer un repas équilibré, basé sur des céréales, fruits et légumes. Pour les diabétiques connus et suivis, trois ateliers leur étaient dédiés, en l'occurrence l'auto-surveillance, le pied diabétique et la diététique. Au niveau de l'atelier pied diabétique, animé par le docteur Aouich, diabétologue à l'hôpital Mutspaha Bacha, où nous nous sommes attardés, de nombreux diabétiques affirment avoir été mal suivis et mal conseillés. «Je suis suivie au niveau de la Maison du diabétique du Ruisseau, mais mon médecin n'a jamais demandé à voir mes pieds, ni prendre ma tension artérielle ou à m'ausculter réellement. Il me renouvelle juste l'ordonnance et me demande de revenir dans trois mois», regrette une patiente diabétique en s'adressant au Dr Aouich : «Comment voulez-vous que je sois informée sur le risque d'avoir des problèmes aux pieds ou ailleurs». Un autre diabétique relève que des erreurs sur les taux de glycémie sont souvent commises et les médecins n'en tiennent pas compte. Ce sont autant de questions qui ont été posées par ces patients souvent mal informés. Le Dr Aouich a justement tenté d'expliquer que vu la charge et le nombre de patients atteints de diabète, il est très difficile de répondre à tous les besoins dans ce type de structure de santé. Il a par ailleurs insisté sur le maintien de l'équilibre glycémique à travers l'hémoglobine glyquée qui ne doit pas dépasser le taux de 7%. Comme il a aussi souligné l'importance du régime alimentaire et de l'activité physique, notamment la marche qui doit faire partie du quotidien des Algériens. D'autres conseils portant sur le port de chaussures adaptées et l'hygiène corporelle, notamment bien sécher les orteils après la toilette et éviter de marcher pieds nus, ont été donnés. A la question d'un diabétique relative à la limitation du nombre de boîtes de bandelettes pour les diabétiques de type 2 lorsque l'auto-surveillance est fortement recommandée par les spécialistes, Dr Aouich a précisé que «la sécurité sociale a agi suite à une utilisation abusive de ces bandelettes. Il a été constaté que des patients sous traitement oral (Glucophage) qui ne fait pas baisser la glycémie utilisent 4 à 5 bandelettes par jour, alors que cela doit être fait durant une semaine. Mais cette instruction a été faite sans spécifier les profils des patients diabétiques de type 2, car ils ne se ressemblent pas tous. Certains patients peuvent présenter des complications et l'auto-surveillance est justement recommandée. Fixer une boîte de bandelettes pour un trimestre, cela n'a pas de sens», a-t-il déclaré, en précisant que chaque boîte contient une cinquantaine de bandelettes. Un fait qui a poussé, selon lui, des patients à demander à leur médecin de leur prescrire de l'insuline afin de pouvoir bénéficier de plus de boîtes de bandelettes (entre 5 et 8 boîtes). Cette journée portes ouvertes a permis ainsi à de nombreux patients de s'exprimer et d'obtenir des explications sur leur maladie. «Il faut multiplier ce type de rencontres. Une journée ne suffit pas pour faire de la sensibilisation dans les différents quartiers en touchant le plus de monde. Le médecin m'a expliqué beaucoup de choses et je trouve cela magnifique», nous confie une dame atteinte de diabète depuis 2004 et qui arrive à maintenir l'équilibre de sa glycémie. Pour un autre diabétique, le manque de communication contribue à la mauvaise prise en charge de la maladie : «Nous sommes mal pris en charge. Les médecins ne prennent pas le temps qu'il faut pour nous expliquer comment prendre nos médicaments et nous donner des conseils. C'est malheureux. Sinon ce type de journées sont bénéfiques, mais il faut les répéter». Par ailleurs, la journée s'est aussi terminée par l'atelier jardinage, en collaboration avec l'Ecole de l'environnement du Jardin d'essai pour inciter les enfants et les parents à manger sain. Le message est également passé à travers une animation assurée par Hamid Achouri et un quiz avec des questions en relation directe avec les ateliers médicaux.