Trois classes d'enseignement de Tamazigt ont été ouvertes à Oran. Cette langue ancestrale est enseignée au sein des établissements scolaires Imam El Houari, Youssef ben Tachfine et Abane Ramdane. C'est ce qu'a affirmé Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), lors de son passage à Oran. Interrogé par El Watan sur ce qu'il pense de l'aspiration populaire de rehausser Tamazight au statut de langue officielle, M. Assad a eu cette réponse: «En tant que premier responsable d'une institution placée sous la tutelle de la Présidence de la République, ce n'est pas de mes prérogatives de me prononcer sur cette question et de revendiquer l'officialisation de Tamazight». Ce responsable du HCA qui s'exprimait, avant-hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du journal El Djoumhouria, a expliqué que «la mission de l'institution qu'il préside n'a pas une vocation revendicative mais s'inscrit plutôt dans l'action visant à promouvoir cette langue nationale à l'école et dans le secteur de la communication». M. Assad est venu à Oran pour lancer l'apprentissage de Tamazight pour les adultes en partenariat avec l'association Iqraa. Au passage, le secrétaire général du HCA a appelé l'Office national d'alphabétisation à s'impliquer dans cette initiative, «car, dit-il, ce n'est pas normal que sur les 12 000 postes budgétaires ouverts dans le cadre des missions de cet office pour l'enseignement des adultes, aucun n'est consacré à Tamazight». L'apprentissage des adultes est actuellement assuré à travers 9 wilayas. Un manuel d'alphabétisation a été conçu pour les non-voyants. M. Assad qui se félicite du fait que Tamazight est aujourd'hui enseignée à travers 23 wilayas, déplore toutefois «des insuffisances dans l'enseignement de cette langue». «Le HCA milite pour un enseignement obligatoire à l'école. Le but est que cette langue soit enseignée dans la majorité des wilayas l'année prochaine, d'autant plus que 3000 licenciés en Tamazight n'attendent que d'être recrutés», indique-t-il. M. Assad a salué «l'engagement et la mobilisation de la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, et ses efforts visant à promouvoir l'enseignement de Tamazight». Yenayer dans les fêtes nationales La ministre de l'Education avait récemment déclaré que l'enseignement et la généralisation de cette langue vont constituer un indicateur d'évaluation des performances des directeurs de l'Education. M. Assad pointe justement du doigt «certains directeurs de l'Education (notamment à Batna et à Alger) qui freinent l'enseignement de Tamazight à l'école». M. Assad a indiqué que, dans le cadre de ces deux projets, des concours seront organisés pour sélectionner les deux meilleures œuvres. «Dans le secteur de la communication, le HCA milite pour la généralisation de l'utilisation de Tamazight à travers toutes les stations radio et de télévision à travers le pays. Après l'APS, Echaab et le journal La Cité, le journal public Horizon lancera une version en Tamazight», fait savoir M. Assad. «Parmi les projets du HCA qui fête cette année son 20ème anniversaire, figurent la création d'une académie dédiée à la langue et à la culture Amazigh et la réhabilitation du référent historique Amazigh dans les manuels scolaires», énumère-t-il. Cette institution milite également pour l'intégration de Yenayer dans la nomenclature des fêtes nationales légales contenues dans une ordonnance promulguée en 1963. «Un texte qu'il faudra amender», plaide le S/G du HCA qui évoque également un projet d'inscription de cette fête ancestrale de Yenayer au patrimoine mondial de l'Unesco. «Le HCA qui est le premier éditeur en langue amazigh, se lance désormais dans la coédition avec l'OPU, l'ANEP, des éditeurs privés à l'image de Tira et Anzar, mais également avec le tissu associatif», informe M. Assad qui indique que son institution soutient les projets de recherche des universitaires en langue et culture Amazigh. Et de conclure : «Il était temps de lancer tous ces projets car dans certaines régions, à l'image de Chréa, Tamazight est menacée d'extinction».