Les monarchies du Golfe augmenteront encore leurs déficits cette année, alors que les cours du brut dégringolent toujours sous l'effet d'une offre surabondante et d'une économie mondiale qui tourne au ralenti. Après plus d'une décennie d'excédents grâce au niveau élevé des prix du brut, le déficit cumulé des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devrait atteindre 180 milliards de dollars en 2015. Une tendance qui ne devrait pas s'estomper de sitôt. Les déficits s'installent conséquemment à la chute des prix du pétrole amorcée depuis juin 2014 ; à la fin de cette année déjà, de l'avis du FMI, les monarchies pétrolières du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) n'avaient dégagé que 24 milliards de dollars d'excédents contre 182 milliards en 2013. Pis encore, certains pays du CCG — Arabie Saoudite, Bahreïn et Oman — ont vu leurs indicateurs virer au rouge à fin 2014. L'institution de Christine Lagarde prévoit une baisse de 275 milliards de dollars de revenus des pays du CCG en 2015. Depuis 2009, alors que le monde se réveillait en sursaut sous l'effet de la violente crise des subprimes, les monarchies du Golfe n'ont jamais été autant inquiétées par la déprime des marchés pétroliers. Confrontés à ce vent de pessimisme que font souffler les marchés, ces pays commencent d'ores et déjà à se serrer la ceinture, à tailler dans les budgets, à lever le pied sur les subventions, à libéraliser les prix des carburants, etc. Autant de mesures prises dans l'espoir de juguler les déficits. Selon le FMI, les dépenses en subventions et en salaires notamment ont totalisé 550 milliards de dollars entre 2008 et 2013 au sein du CCG. Pour la seule année 2014, les deux institutions de Bretton Woods évaluent à 60 milliards de dollars le coût des subventions à l'énergie. Ce montant atteint les 175 milliards de dollars si l'on tient compte d'autres subventions et aides publiques. Moralité : les pétromonarchies ainsi que les autres pays de l'OPEP, dont les hydrocarbures pèsent pour plus de 90% dans les recettes, doivent se résoudre à l'idée que l'ère du pétrole cher est peut-être révolue. L'Algérie n'est pas en reste.