Caractérisé par une longue histoire marquée par de nombreux coups d'Etat, le pays des hommes intègres entre enfin dans l'ère de la démocratie. La majorité des 5 millions d'électeurs burkinabés ont élu démocratiquement, dimanche, Roch Marc Christian Kaboré comme nouveau Président, tournant ainsi la page d'une année de transition politique chaotique. Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a obtenu la majorité absolue avec 53,49% des suffrages contre 21,65% recueillis par son plus sérieux rival, Zephirin Diabré, qui a reconnu sa défaite. Dans cette élection présidentielle, 14 candidats étaient en lice dont deux femmes. Couplé à des législatives, ce scrutin a été organisé un an après l'insurrection populaire qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré, en octobre 2014, alors qu'il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. Aujourd'hui réfugié en Côte d'Ivoire, Blaise Compaoré avait passé 27 ans au pouvoir. Roch Marc Christian Kaboré est une ancienne pièce maîtresse du système Compaoré qui a changé de camp juste avant la chute du régime. Lors de la campagne électorale, il avait notamment promis de s'attaquer au chômage des jeunes, endémique dans le pays, de moderniser le système de santé, promettant notamment la gratuité des soins pour les moins de 6 ans, et de mettre l'accent sur l'éducation. Dans un entretien accordé mardi à la radio burkinabé Oméga FM, le candidat du MPP s'est par ailleurs dit ouvert à l'idée de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. «Des concertations se feront (…). Nous sommes tenus de faire cette offre parce que nous pensons qu'aujourd'hui, il y a des difficultés. Et l'effort que nous devons faire ensemble pour sortir le Burkina Faso de sa situation actuelle, c'est d'avoir une base assez large ; et de ce point de vue, nous ne ménagerons pas nos efforts pour travailler avec tous ceux qui ont participé à l'insurrection populaire et sont prêts à mettre la main à la pâte pour que nous puissions avancer ensemble et regarder dans la même direction», a-t-il déclaré. Dans quelles conditions se sont déroulées ces élections ? Le président de la Commission électorale indépendante, Barthélemy Kéré, a reconnu «quelques anomalies», estimant néanmoins que le déroulement du scrutin, suivi par toute l'Afrique, avait été «globalement satisfaisant». La Mission d'observation de l'Union africaine (MOEUA) a, quant à elle, salué hier «la maturité du peuple burkinabè» et le bon déroulement des élections présidentielle et législatives, dimanche dernier au Burkina Faso, estimant que le processus électoral burkinabè est «une réussite qui doit inspirer l'ensemble du continent». A l'étranger, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué «la manière pacifique» dont ont été conduites les élections et plus particulièrement la «forte participation des femmes au processus électoral».