Les dirigeants des entreprises publiques sont dans l'œil du cyclone. C'est la saignée dans un secteur public en proie aux multiples difficultés structurelles. Et des dispositions que contient la nouvelle loi de finances 2016 aggravent encore le sentiment que les autorités abandonnent peu à peu un secteur qui a pourtant fait la fierté de l'économie nationale. Le limogeage, la semaine dernière du Pdg de Saidal, Boumediène Darkaoui, a suscité des interrogations. Surtout que, selon les dires de ses collaborateurs et des chiffres rendus publics, jamais la société ne s'est autant bien portée que depuis la nomination de ce cadre qui a fait sa carrière dans la haute administration publique. Des résultats que le ministre de l'Industrie ne voit pas de la même manière puisqu'il a convoqué, séance tenante, une réunion du conseil d'administration qui a décidé d'écarter le gestionnaire qui se trouvait loin d'Alger. Darkaoui a été limogé alors qu'il se trouvait à Constantine. Avant Darkaoui, l'ancien Pdg de la SNVI a subi le même sort. Il a été débarqué en pleine restructuration du géant de l'industrie mécanique. Son successeur s'est vite confronté à la réalité : pieds et mains liés, il doit faire face à la fronde des salariés qui demandent plus d'une entreprise qui subit de plein fouet une concurrence imposée par les autorités publiques. Pis, la concurrence vient de Mercedes Benz, une entreprise dans laquelle la SNVI est actionnaire. L'ancien PDG de la Société nationale du tabac et des allumettes (SNTA) a également été écarté de son poste il y a quelques mois de cela. Moussa Belkacem a été «limogé» alors que son entreprise réalise des bénéfices appréciables. Et selon des sources de l'entreprise, l'homme a appris la tenue de la réunion, qui devait sceller son sort, deux heures avant l'échéance. La réunion s'était tenue non pas au siège de l'entreprise, mais au ministère de l'Industrie. Comme Darkaoui, Belkacem n'a pas assisté à la rencontre. Jeudi dernier, tout Alger a appris, via les sites internet et les chaînes de télévision, le limogeage de Saâd Damma, le Pdg de Mobilis. Là encore, le départ du dirigeant intervient à un moment où la société, qui dépend du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, enregistre des résultats appréciables. Mais il s'avère que les raisons de cette mise à l'écart ne sont pas liées aux résultats mais plutôt à des actes de gestion que la ministre du secteur n'aurait pas appréciés. Des cadres et des directeurs de filiales de Sonatrach ont également été remplacés au courant de la semaine dernière. Des dirigeants de petites entreprises publiques ont subi le même sort. Cela répond-il à une logique de gestion ? Aucune information n'est fournie. Mais ce qui intrigue les cadres de certaines entreprises est que ces remplacements coïncident avec le gel de presque toutes les sections syndicales des grandes entreprises publiques. Pis, certains n'hésitent pas à faire le lien avec l'adoption de la loi de finances 2016 qui prévoit, entre autres, la possibilité des entreprises publiques d'ouvrir leur capital. Cela sera-t-il fait avec moins de grabuges ?