C'est une première dans les annales de l'Algérie : les retraités envisagent de recourir à un mouvement de protestation, sous forme de rassemblement devant les agences de wilaya de la CNR, pour marquer leur refus de l'injustice et de l'exclusion dont ils font l'objet. Un ultimatum de quinze jours est donné par le secrétariat fédéral aux hautes autorités du pays pour le règlement du problème. Ils sollicitent dans ce sillage l'arbitrage du premier magistrat du pays, afin d'éviter les désordres annoncés dans les milieux des retraités à travers le territoire national. Dans le cas où il n'y aurait pas de réparation, les retraités passeront inévitablement à l'action. La décision d'afficher publiquement leur mécontentement a été décidée hier matin, lors d'une session extraordinaire tenue par le secrétariat de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR). Cette réunion avait plus précisément pour ordre du jour de débattre des propos tenus samedi par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale lors de la cérémonie de départ à la retraite des travailleurs de la CNAS. Le secrétariat fédéral, tout en étant choqué par les accusations et les menaces proférées à l'encontre de ses membres, regrette l'attitude et les propos injustes du représentants de l'Etat qui a offensé leur dignité, alors que son rôle principal est d'être à l'écoute des concernés, de trouver des solutions, de rassurer et d'arbitrer. La colère du ministre, selon les membres du secrétariat, est due au fait que la commission exécutive fédérale, qui s'est réunie le 20 septembre, a élevé une protestation et dénoncé le traitement discriminatoire dans l'application des décisions du président de la République prises en faveur des retraités dont le montant mensuel de la pension est inférieur à 10 000 DA. « Notre rôle consiste et a toujours été la défense des intérêts matériels et moraux des retraités. Nous estimons que notre démarche n'est pas plus que d'exiger l'application intégrale de la loi que l'administration continue de violer », ont indiqué les responsables du secrétariat. Ces derniers se disent être dans la conformité la plus totale. Preuve à l'appui, ils relèveront que la CNR a remis les pendules à l'heure en rendant publique une mise au point reconnaissant, enfin, que les retraites proportionnelles et les retraites sans condition d'âge sont exclues du bénéfice des mesures présidentielles. « Cette précision qui est de taille nous donne raison et nous conforte dans notre position », estiment les responsables du secrétariat qui admettent cependant que, dans ses réponses, la CNR a introduit une confusion susceptible d'induire en erreur les moins avertis, entre le relèvement au minimum légal (75% du SNMG) prévu par la loi 83-12 qui exclut de son bénéfice les retraites proportionnelles et les retraites sans condition d'âge et l'indemnité complémentaire mensuelle (ICPRI) décidée par le président de la République au profit de tous les retraités du régime des salariés percevant une pension inférieure à 10 000 DA, d'autant plus que la loi de finances complémentaire n'introduit aucune exception. Déçu et touché, le secrétariat fédéral considère que les membres de la FNTR, qui ont accompli dignement et avec honneur leur devoir envers la patrie et continuent encore à le faire bénévolement et avec dévouement, en mettant leur expérience et leurs connaissances au service des retraités et du pays, n'ont de leçon de patriotisme à recevoir de personne. « Nous défendrons, quel qu'en soit le prix et avec l'appui totalement acquis des retraités, leur fédération, édifiée patiemment depuis 15 années, au prix de privations et de lourds sacrifices, qui a beaucoup apporté aux vieux travailleurs, au mouvement syndical algérien et à la sécurité sociale, contre toute tentative d'atteinte à son existence et à ses membres », diront les membres du secrétariat. Ces derniers sont déterminés, malgré leur âge, à manifester leur colère face à une injustice.