L'arbitrage n'arrive pas à trouver ses marques. Les hommes passent, les responsables changent, mais les problèmes demeurent (entiers). Aujourd'hui, c'est un corps malade qui s'en remet totalement à ceux qui se succèdent à sa tête. Le dernier en date, Khellil Hamoum, présente un bilan atténué (voir interview) qui est loin de convaincre ceux qui avancent que l'arbitrage est dans une très mauvaise passe. Chaque journée de compétition (toutes divisions confondues) apporte son lot de griefs, critiques, accusations à l'endroit des responsables de la CFA et d'arbitres accusés de fausser (volontairement) des résultats de rencontres. Il y a une grande part de vérité dans ce qui se dit au sujet de l'arbitrage. Des incohérences en matière de désignation sont relevées chaque semaine. La première chose remise en cause par les arbitres eux-mêmes, ce sont les critères de désignation, leur corollaire et leur mode de communication. Dans l'interview accordée à El Watan, le président de la CFA, Khellil Hamoum, affirme que la désignation des arbitres, qui officient les matchs de L1 et L2, relève de ses prérogatives exclusives. Cette affirmation ne convainc pas grand monde. Une gorge profonde indique : «La désignation est confiée à des hommes qui agissent derrière les rideaux. Ils font la pluie et le beau temps avec l'entière bénédiction de Hamoum qui avalise tous leurs choix. Il affirme endosser l'entière responsabilité en matière de désignation alors qu'en réalité, ce n'est pas lui qui choisit les arbitres. La preuve, il y a des arbitres qui sont désignés à chaque journée de championnat pendant que d'autres se morfondent dans l'attente et l'espoir vain. Le remède, il existe heureusement. Il réside dans l'instauration et l'application de la transparence absolue. Faute de quoi, l'arbitrage continuera de dériver jusqu'au jour où il n'existera plus.» Ces propos sont durs, certes, mais reflètent une part de vérité que nul ne peut ignorer. A titre d'exemple, des arbitres de la Ligue de l'Ouest avec le grade d'interligue et fédéral sont désignés au compte-gouttes. De jeunes arbitres, de toutes les ligues, piaffent d'impatience d'être jetés dans le grand bain. La majorité de ces jeunes arbitres pointent du doigt «les hommes de l'ombre qui s'adonnent en toute impunité et dans une forme de clandestinité à leur jeu préféré, les désignations. Ils ont leurs chouchous qu'ils privilégient au détriment de tous ceux qui ne comptent pas des ‘‘amis'' dans les rouages de la CFA. Ce système doit disparaître et il incombe en premier lieu au premier responsable de la CFA d'instaurer une véritable équité entre tous les arbitres sans distinction de leur lieu de résidence, de région ou proximité avec d'anciens responsables de l'arbitrage». Des observateurs au fait de tout ce qui touche à l'arbitrage ne font aucune concession à l'actuel patron de l'arbitrage à qui ils reprochent de «s'appuyer exclusivement sur ses amis pour conduire les affaires de l'arbitrage. Il ne veut pas dévoiler les noms de ceux à qui il a confié les désignations en Interrégions et Division amateur. C'est le président de la Ligue régionale de Blida (Youcef Belmedjbar) et celui de la Ligue d'Alger (Oukali) qui remplissent cette mission au nom de l'amitié qui les lie depuis que ces deux hommes ont travaillé sous la coupe de Hamoum durant la période où il était président de la Ligue d'Alger». Absence de transparence A priori, la visibilité et la transparence font grandement défaut dans la gestion de l'arbitrage. La grogne prend de plus en plus d'ampleur dans les rangs des arbitres qui constatent un traitement différent que l'on soit un protégé des affidés de Hamoum ou un arbitre sans appui. Donc, ce qui est remis en cause, c'est tout le système sur lequel repose actuellement l'arbitrage algérien. Attendre la veille d'une rencontre pour informer l'arbitre de sa désignation ne cesse de causer des dégâts. L'arbitre doit prendre ses dispositions, pour se déplacer, quelques heures seulement avant le coup d'envoi. Parfois, lorsqu'il est désigné, il se rend compte qu'il va abriter pour la 2e ou 3e fois une même équipe dans un délai très court (2, 3 semaines). Lorsqu'il veut apporter cette précision (de taille), le téléphone du correspondant ne répond pas. Ce type de situation s'est souvent produit, obligeant la CFA à demander aux arbitres de lui signaler, dans les meilleurs délais, ce type de situation. Il y a quelques semaines, un émissaire a été chargé de prendre langue, au nom de la CFA, avec un arbitre qui a décidé de tirer sa révérence (il officiait en L1 et L2) pour le convaincre de reprendre le sifflet et surtout pour éviter qu'il s'étale sur les colonnes des journaux sur les motivations de sa décision. Il n'est pas revenu dessus. La peur qu'il a inspirée ne s'est pas encore dissipée. Des fois qu'il lui prendrait de cracher des vérités pas bonnes à entendre. Si la CFA n'a vraiment rien à cacher en matière de désignation, elle serait alors bien inspirée de publier un listing complet des désignations des 4 premiers paliers du football depuis le début de la saison 2015-2016. Il faut des hommes engagés Le chapitre des évaluateurs est une autre plaie de l'arbitrage. Nombre d'entre eux, heureusement pas tous, ont été écartés du circuit pour des motifs que chacun peut facilement imaginer. Ils sont partis sur la pointe des pieds sans souffler mot et sans défendre leur honneur et réputation. Des années plus tard, ils sont recyclés dans le système comme si de rien n'était. La CFA ne peut et ne doit faire l'économie d'un nettoyage, à ce niveau et à grande échelle. Autrement, ce sera la continuation d'un scénario qui mènera au chaos. Les séminaires, regroupements, recommandations, circulaires ne cacheront pas éternellement la faillite d'un système basé exclusivement sur la politique de la poudre aux yeux et de la fuite en avant. L'arbitrage algérien a besoin de la présence et du concours d'hommes intègres, compétents, engagés, désintéressés qui ont servi loyalement l'arbitrage. C'est un attelage où tout un chacun trouvera sa place sans exclusive, sauf pour ceux qui traînent des casseroles, qui sont identifiés et qui sont dans le circuit par intérêt sordide. L'intelligence consiste à s'entourer d'hommes, d'anciens arbitres qui ont fait carrière dans ce corps sans tache noire. Dans le milieu des arbitres, surtout les jeunes, l'attente est grande. Il ne faut pas la décevoir en pactisant avec ceux qui creusent la tombe de l'arbitrage… dans le dos de Khellil Hamoum.