Par témoignages d'étudiants interposés, on apprend que l'agitation qui secoue les mouvements estudiantins se confond avec les indignes machinations de la classe politique au pouvoir et ses courtisans patentés, a perverti la sphère universitaire. Les syndicats ont été noyautés et les mouvements estudiantins asphyxiés par la liberticide loi sur les associations et noyés par les organisations satellites partisanes. Un nouveau système intrinsèquement perverti. L'affaire de la cité universitaire du Vieux Kouba en est l'affligeante illustration : pro-pseudo islamistes contre barbéfèlenes imberbes et autres satellites de partis-éprouvette se font la guéguerre pour une histoire de matelas sales et de nourriture médiocre. Et quoique porteurs des mêmes modestes revendications, ces étudiants mal logés trouvent le moyen de se mettre dans de bien mauvais draps. Les contestataires en arrivent aux mains avec des casseurs de grève et, le relâchement sécuritaire aidant, délinquants et baltaguia s'invitent à la cité universitaire. Résultat des ébats : plusieurs étudiants blessés par arme blanche dans la franchise universitaire. Mais le plus assassin reste le silence assourdissant de la tutelle et la passivité inexcusable des services de sécurité. Qu'augure donc cette caricaturale bagarre de chiffonniers juvéniles ? Par de risibles communiqués interposés, les affiliés — dans le désordre — aux organisations UNEA, LNEA, UGEA, ONEA, AREN, UGEL, ONSE s'accusent respectivement de tous les maux. Ces mêmes organisations, UNEA, LNEA, UGEA, ONEA, AREN, SNE, UGEL,ONSE — dans l'ordre cette fois-ci — furent pourtant, paradoxalement, les bons garçons de course disciplinés à la solde des partisans du 4e mandat sous l'incestueux sigle «Mouvement national estudiantin pour soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika», non sans avoir connu les mêmes lamentables «coups d'état» à la direction de leurs organisations et autres fissions, de manière synchronisée avec les partis de leurs aînés dont tout le monde connaît les tristes turpitudes. Ce jour-là, à la Coupole du 5 Juillet, les frères ennemis qui se chamaillent aujourd'hui au Vieux Kouba chantaient en chœur «Libérez-nous du service national !» Sous le malin sourire de Sellal qui leur préconisa du «flytox» contre le Printemps arabe… La recette de l'éducation politique de Bouteflika, faite d'amalgames entre démocratie et anarchie, revendication d'un Etat de droit et menace de chaos dévastateur, a visiblement eu raison de ces petits esprits mal instruits par son propre système éducatif sinistré. Tout à l'honneur de son excellence, les gamins semblent avoir bien retenu sa «leçon de choses», ce soir de bataille à la cité du Vieux Kouba. Comble de la grotesque machination, une main invisible largue des tracts «subversifs» et les uns accusent les autres d'en être les auteurs… Et le gros mot est lâché : «Printemps arabe !», lit-on dans les communiqués rédigés en mauvais arabe, où les pires accusations de traîtrise pour désigner «les autres» à la vindicte le disputent aux pathétiques formules d'allégeance béates. A lire ce genre d'enfantillages, on se demande, inquiets, quelle instruction ? Quelle culture ? Quelle conscience politique peut-on présager à cette future «élite» ? Vraisemblablement, l'indigne vieille recette apprise dans les sombres cuisines des partis politiques se transmet de génération en génération. Triste héritage et mauvais augure.