Mme Taubira, qui a été reçue par le président Bouteflika, a exprimé la volonté de son pays de renforcer sa coopération avec l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. En visite de travail à Alger du 20 au 22 décembre, la ministre française de la Justice et garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé, dans un entretien accordé hier à la Chaîne 3 de la Radio algérienne que «le projet de réforme constitutionnelle qui sera présenté mercredi (aujourd'hui, ndlr) en Conseil des ministres ne retient pas la disposition de déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France». Annoncée trois jours après les attentats de Paris par le président François Hollande lors de son discours devant le Congrès du Parlement, cette mesure a été décriée par plusieurs personnalités de gauche. «Très sérieusement, je pense que cette déchéance de nationalité pour des personnes nées en France, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol», a ajouté Christiane Taubira, qui a rappelé son attachement au droit du sol. «Dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique et non ethnique, ce droit du sol est un pilier fondamental.» Par ailleurs, lors d'un point de presse tenu avec son homologue algérien, Tayeb Loub, la ministre française de la Justice a estimé «urgent» que les familles des sept moines français enlevés puis tués en 1996 en Algérie connaissent la vérité sur la mort de leurs proches. «Pour les familles des victimes, il devient urgent d'avoir une réponse, de savoir très précisément ce qui s'est passé. Nous en avons le souci de part et d'autre», a ajouté la ministre. Depuis octobre 2014 et alors que deux magistrats français, Marc Trévidic et Nathalie Poux, s'étaient rendus en Algérie où ils ont assisté à l'exhumation des crânes des religieux, enterrés sur le site du monastère de Tibhirine, l'Algérie a refusé que les prélèvements réalisés soient examinés en France, arguant du fait que «l'Algérie est équipée pour n'importe quel examen de preuves et analyses». Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, Mme Taubira, qui a été reçue par le président Bouteflika, a exprimé la volonté de son pays de renforcer sa coopération avec l'Algérie en la matière. «J'ai parlé au président Abdelaziz Bouteflika de la lutte contre le terrorisme que nous menons ensemble et de la nécessité, pour nous aussi, de renforcer cette coopération», a-t-elle déclaré à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat. Mme Taubira a indiqué avoir rappelé au président Bouteflika «à quel point l'Algérie s'était montrée à nos côtés dans plusieurs circonstances : dans les interventions qui se font au Mali, par exemple, mais également au niveau de l'Organisation des Nations unies, notamment pour l'adoption de la résolution de lutte, à l'échelle internationale, contre le financement du terrorisme».