La procédure, dans l'affaire des moines de Tibhirine, suit normalement son cours et le travail se fait sans difficulté, a précisé la ministre de la Justice française. Près de vingt ans après les faits, l'affaire des moines de Tibhirine revient de nouveau au devant de l'actualité. C'est à l'occasion de la visite de Mme Christiane Taubira, ministre française de la Justice, que l'affaire de l'enlèvement, puis de l'assassinat en mai 1996 des sept moines trappistes du monastère de Tibhirine, du côté de Médéa, est remise sur le tapis. Pour la ministre française, "il est urgent" pour les autorités des deux pays de répondre aux attentes des familles, lesquelles, a-t-elle estimé, "veulent savoir ce qui s'est passé". Mme Taubira, qui répondait aux questions des journalistes lors d'un point de presse animé conjointement avec son homologue algérien, M. Tayeb Louh, a ajouté que "la coopération entre l'Algérie et la France est intense" sur ce dossier, rappelant que "des juges se sont rendus sur place", dans le cadre de cette affaire, et que "la procédure suit son cours". Elle a informé que "le travail se fait sans difficulté", soutenant qu'il est "temps qu'on arrive au terme de cette affaire". Mme Taubira a appelé à la facilitation de la procédure, rassurant que cette même procédure "va aboutir bientôt". Toujours dans le même ordre d'idées, la ministre française a souligné que "d'autres actes d'expertise sont à faire", précisant que les autorités concernées "disposent de moyens et matériels nécessaires pour y parvenir". En mai 1996, un communiqué du Groupe islamique armé (GIA) avait évoqué l'affaire des moines. Le groupe terroriste avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des moines. Une version qui n'a pas atténué pour autant la pression des autorités de l'Hexagone sur l'Algérie. Les déclarations de la ministre française de la Justice confirment cet état de fait. Au mois d'octobre 2014, le juge français antiterroriste, Marc Trévidic, accompagné d'un autre magistrat, a assisté à l'exhumation des crânes des moines pour les compléments de l'enquête. Le magistrat français avait alors exigé le transfert vers la France des prélèvements réalisés sur les dépouilles, une demande rejetée par les autorités algériennes. Les familles des victimes avaient dénoncé ce qu'elles ont appelé "la confiscation des preuves par l'Algérie". Mme Taubira a aussi évoqué la convention signée avec le ministre algérien de la Justice, estimant qu'elle entre dans le cadre "fixé par les chefs d'Etat des deux pays", lors de signature de la Déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre l'Algérie et la France de décembre 2012. Cette convention de coopération dans le domaine juridique intervient, a dit la ministre, "dans la vie quotidienne et dans l'action internationale que les deux pays auront à mener". Si la lutte antiterroriste reste le point cardinal de cette visite et de la convention elle-même, Mme Taubira a rappelé "les souffrances des Algériens" durant la décennie noire, saluant "le courage et le combat" mené contre le terrorisme. "Nous allons faire face d'une manière commune à ce défi terrible qui est le terrorisme", a-t-elle annoncé, ajoutant que l'Algérie "a acquis une expérience et des instruments de lutte efficaces". Elle a estimé qu'il faut travailler avec l'Algérie "pour bénéficier de son expérience et afin de trouver des réponses idoines à ce fléau". Elle a appelé à l'adaptation des moyens de lutte aux modes opératoires du terrorisme. "Nous devons gagner la bataille contre le terrorisme, en l'étranglant par la confiscation de ses moyens financiers, logistiques, militaires et sa capacité de se répandre partout", a-t-elle ajouté, soulignant qu'"il n'y a pas de raison de se révéler vaincu face au terrorisme". "Nous allons mettre fin au détournement des instruments de partage et de dialogue au profit de la terreur", a encore dit Mme Taubira, appelant à intensifier le travail "en commun et ensemble" pour y parvenir. Elle a informé que les deux pays vont continuer à partager des informations nécessaires dans ce domaine. M. M.