Inspirée de l'œuvre de Tahar Ouettar, la générale de la pièce théâtrale Ellaz, dont la présentation, prévue initialement le 31 du mois en cours, sera au rendez-vous du public du Théâtre national algérien (TNA) la première semaine du mois de janvier de l'année prochaine, a-t-on appris, hier, auprès de Azzedine Djabali, le directeur du Théâtre régional Mustapha Kateb de Souk Ahras. Ce dernier étant en phase de réhabilitation, ses responsables ont opté pour la capitale afin de mieux médiatiser cette nouvelle production mise en scène par Yahia Benamar et dont le texte adapté porte la signature de Mohamed Bourahla. «Nous nous conformons aux orientations de la tutelle s'agissant de l'exploitation des textes du terroir, souvent déclassés au profit des œuvres étrangères. Ceci dit, nous sommes conscients que toute œuvre théâtrale aspire à mettre des valeurs universelles au centre des réflexions et nous ne voyons aucun inconvénient à ce que toutes les cultures cohabitent en symbiose à travers le quatrième art. L'universalité de l'œuvre de l'écrivain antique Apulée de Madaure, L'âne d'or, adaptée par le TRSA, a produit des effets positifs et incité un nombre d'observateurs et de critiques à revoir sous d'autres angles des textes algériens d'une richesse incommensurable, malheureusement tombés en désuétude ou peu considérées», a déclaré le directeur du théâtre. Tahar Ouettar, écrivain natif de Sédrata (Souk Ahras), est pour ainsi dire ressuscité à travers son impérissable Ellaz où s'enchevêtrent gloire et trahison, grandeurs des héros acquis à la cause noble de la Révolution et petitesse de gens malintentionnés comme il pouvait en exister dans toutes les grandes Révolutions du siècle dernier, entre franquistes et républicains, et ensuite entre républicains eux-mêmes en Espagne, entre Coréens qui refusaient le joug de l'hégémonisme américain et ceux soumis aux thèses de l'oncle Sam, Viétnamo-viétnamiens, sud-américo-américains… C'est à ce niveau que Ouettar plaçait Ellaz et c'est contre un idéologisme pathologique que le roman dévoile à travers ses péripéties un nombre de vertus révolutionnaires imbriquées par les ambitions personnelles, l'arrivisme et, pire… la trahison. Trois sections de l'ALN prises dans un guet-apens tendu par l'armée coloniale malgré le caractère secret de leur mission confirme l'existence d'un traître en leur sein. Les divergences autour des options idéologiques entre les uns et les autres se transforment en hostilité et menacent la cohésion des groupes locaux de l'ALN, et ce n'est qu'après efforts et concertation que toutes les parties se décident à rompre avec les tiraillements claniques pour mettre l'idéal révolutionnaire au-dessus de toutes les autres considérations. Une lecture objective de l'histoire qui n'effleure que les sentiments d'une minorité, déjà bousculée aux premières années de l'indépendance par l'œuvre phare de l'écrivain. «Si l'on veut réellement rendre hommage à nos hommes de lettres, nous devons pérenniser leurs œuvres», a conclu le directeur du TRSA.