Le wali a annoncé l'annulation de 4 actes de concession établis par son prédécesseur au profit de citoyens étrangers aux tribus ayant seules un droit de jouissance collective sur ces terres agricoles. Cette fois, sera-t-elle la bonne, ou est-ce une énième tentative vouée à l'échec ? L'éternel conflit entre tribus d'un même ârch -les Nememchas de la wilaya de Khenchela-, relatif au droit de jouissance collective d'«Enfidha» sur les terres immenses (plus de 250 000 hectares de terres agro-pastorales) du «Sahara des Nememchas», a refait surface ces derniers mois (Voir El Watan du 25 novembre 2015, article intitulé «Périmètres agricoles du Sahara des Nememchas à Khenchela / Un dossier sensible entre les mains du wali»), à telle enseigne que le nouveau wali de Khenchela, en fonction depuis 5 mois, a décidé d'en faire une de ses priorités. Pour ce faire, il a fait le choix de traiter le dossier problème par problème, tout en tenant compte des aspects globaux inhérents au développement de la région. Il a réuni la semaine dernière au siège de la wilaya plus de 200 agriculteurs de ârch Nememchas, choisissant la concertation directe et fixant comme seul point à l'ordre du jour la situation d'«Enfidha», exploitée selon le droit coutumier et musulman dit «ôrfi». Lors de cette réunion, le wali avait à ses côtés l'ensemble des chefs des services de sécurité et militaires, et dans la salle, en plus des agriculteurs et des éleveurs, les directeurs de l'exécutif concernés et les élus des 3 communes ayant un lien direct avec «Infidha» : Ouled Rechache, Mahmel et Babar. Il faut rappeler que ces 30 dernières années, la gestion anarchique d'«Enfidha»- en violation très souvent des arrangements coutumiers en place depuis des siècles-, avait été à l'origine de conflits récurrents, très violents, entre tribus du même ârch des Nememchas, avec parfois mort d'hommes et très souvent des destructions d'équipements agricoles et saccage des puits. Ces conflits apparaissant de manière cyclique risquaient d'entraîner un embrasement de toute la région, n'eut été la sagesse légendaire des «anciens», soutenue par les interventions mesurées des autorités centrales ayant pris conscience des risques encourus, et l'intermédiation des services de sécurité, la gendarmerie plus particulièrement. C'est ce qui explique que le wali ait tenu à l'occasion de cette réunion à impliquer et responsabiliser publiquement toutes les parties concernées. Il a fait part de son souci de respecter les règles de gestion établies par les anciens sur «Enfidha», en annonçant d'ailleurs qu'il venait d'annuler 4 actes de concession établis par son prédécesseur au profit de citoyens extérieurs aux tribus ayant seules un droit de jouissance collective sur ces terres agricoles, et qu'à l'avenir ce sera la règle qui prévaudra. Il a appelé les chefs coutumiers des tribus concernées à exercer l'autorité de fait qui leur a été confiée par leurs ancêtres afin de prévenir tout conflit, à charge pour les pouvoirs publics de faire respecter les lois de la République. Il s'est engagé publiquement à finaliser définitivement dans les prochains mois le dossier «Enfidha», en faisant intervenir notamment tous les services techniques concernés (bureaux d'études spécialisés, direction des services agricoles, APC, Domaines, cadastre, hydraulique, etc.) afin d'établir une fiche technique détaillée du périmètre, afin de faire une délimitation précise et de fixer un bornage approprié. Des agriculteurs ont tenu à rappeler au wali les dépassements qui ont eu lieu par le passé, émanant de l'exécutif de la wilaya et au profit d'élus locaux ayant pignon sur rue. Un représentant de la «Famille révolutionnaire» a abondé dans le même sens, en ayant le courage d'avouer que des moudjahidines et leurs ayants droit se sont vu affecter indûment des terres «d'Enfidha», aggravant le risque de conflits avec les tribus concernées. Enorme défi que s'est lancé le wali de Khenchela en prenant à bras-le-corps un dossier complexe et compliqué : réussira-t-il à se faire entendre du ârch des Nememchas ? Réussira-t-il à remettre au travail l'ensemble de son exécutif pour une bonne gestion «d'Enfidha» ? Pourra-t-il neutraliser tous ceux (élus, fonctionnaires, services techniques), qui, par leurs actes répréhensibles, se sont sucrés sur les terres «d'Enfidha» et ont plus d'une fois mis le feu aux poudres? Seul l'avenir nous le dira.