Des lots de terrain à construire sont en vente à Naâdja Seghira. Le site prolonge le lotissement des Moudjahidine situé à l'extrémité de la cité Boussouf. Le vendeur propose des lots de 250 et 320 m² à 17 000 DA le m2, des prix concurrentiels étant donné la cherté du foncier à Constantine. L'acheteur, cependant, s'expose au risque d'acquérir en sous-seing privé des lots qui en vérité sont érigés sur des terres agricoles, et que la loi interdit à la construction. Depuis que l'APC FIS a autorisé en 1990 le quartier anarchique de Benchergui, pour des raisons électoralistes, la pratique a pris des dimensions industrielles à Constantine. La dilapidation du foncier s'est banalisée et aucun des walis et des APC successifs n'a pu arrêter l'hémorragie. Certains responsables ont même été complices favorisant l'impunité, au détriment des intérêts de la wilaya, d'où une défiguration totale du paysage urbanistique, souvent irréversible. Le vendeur de Naâdja Seghira pratique son business à la lumière du jour, et il se trouve même parmi ses clients des gens censés connaître et respecter la loi. Notre businessman dispose de terres agricoles très fertiles et classées comme telle. C'est-à-dire qu'il s'agit de terres situées en dehors du périmètre urbain et du plan d'occupation du sol (POS). La loi interdit formellement le changement de vocation de ces terres à moins d'un décret de déclassement. C'est là le rôle des services agricoles qui doivent constater la non-exploitation des terres de statut juridique privé, mener des enquêtes (dans le cadre d'une commission ad hoc – décret exécutif n°12-83 du 20 février 2012) et mettre en demeure le propriétaire. Après quoi, ce sont les services de l'urbanisme, relevant de la commune, qui ont l'obligation d'intervenir pour interdire ou interrompre la construction. Le vendeur de Naâdja Seghira, faisant preuve d'une assurance déconcertante, est allé jusqu'à ouvrir des voies carrossables, couvertes de tout-venant, et installer des canalisations pour l'assainissement. Ce qui est formellement interdit par la loi qui n'autorise pas ce type de travaux en l'absence d'un permis de lotir. Le nom de Naâdja Seghira s'est fait connaître déjà par un premier lotissement anarchique construit au-dessus de la cité Cnep de Boussouf. Ce site illégal a atteint aujourd'hui la taille d'un village. L'inconsistance et la faiblesse de l'APC FLN présidée par Chibane, et celle qui lui a succédé, présidée par Rihani, ont ouvert la voie très large à cet énorme dérapage urbanistique. Des élus véreux y ont même acheté des lots à des prix favorisés. Sur le terrain Benabdelkader, Ledjdour, El Gammas, El Meridj ou encore El Barda, la stratégie est la même. Chaque jour l'urbanisme est assassiné à Constantine. Chaque jour la République est ridiculisée, et ce, au vu et au su des autorités (in)compétentes. Tous complices.