Louiza Hamadi est une jeune pianiste algéro-russe de 28 ans, qui jouera ce soir au TNA, sous la direction du maestro Volodymyr Sheiko, le concerto n°1 en mi bémol majeur pour piano et orchestre de Franz Liszt. Entretien réalisé par K. Smail La musique classique, vous y êtes tombée, très tôt… Ma mère, russe, est pianiste. Mon père, algérien, est aussi musicien. Depuis que j'étais toute petite, j'écoutais de la musique tout le temps. J'ai baigné dans un univers musical. Alors que ma mère était enceinte de moi, elle donnait beaucoup de concerts, ici, à Alger. C'est sûr, j'écoutais ce qu'elle jouait quand j'étais dans son ventre (rires). Vous baignez dans plusieurs cultures… Une richesse ? Je suis née à Alger. Dans les années 1990, mes parents ont quitté l'Algérie pour vivre en Espagne. J'avais quatre ans. Oui, je baigne dans les cultures algérienne, russe et espagnole. Je vis et suis établie en Espagne. Qu'est-ce qu'on joue quand on a quatre ans ? Ma mère avait de nombreux ouvrages d'apprentissage au piano. Ceux de la fameuse école russe. A travers une méthode ayant recours aux accessoires. Des petites pièces à jouer pour les enfants. Des comptines. Donc, j'ai commencé par-là. Un apprentissage forcément classique… Ah oui ! Tout le temps. J'aime beaucoup la musique classique russe. Tchaïkovsky, Rachmaninov… Et aussi, le romantique classique. Beethoven, Mozart… On change de registre avec l'adolescence ? Non, je n'ai pas changé. J'ai seulement beaucoup appris. De plus en plus appris. A 16 ou 20 ans, j'ai étudié avec des professeurs, musiciens et chefs d'orchestre russes. Toujours avec des Russes à Madrid (Espagne). Une jeune fille comme vous n'est pas tentée par l'univers ambiant du R'n'B, pop, rock, electronica… Non, pas beaucoup. J'aime le jazz, la musique de quelques groupes espagnols. Mais j'aime beaucoup plus la musique classique. Pour moi, c'est la musique m'incarnant le mieux. L'electronica, comme musique d'ambiance, oui. Mais pas pour aller vraiment écouter. Non ! A la maison, chez moi, je n'écoute pas la musique techno. Sinon, j'aime aussi les voix de femmes du jazz. Et la musique algérienne… J'aime beaucoup. Je ne retiens pas bien les noms. Mais j'adore écouter la musique algérienne. La musique algéroise, la kabyle que j'ai écoutée à Azeffoun. C'est très spécial. Je voudrais connaître davantage la musique algérienne. Et l'écouter à la maison, à Madrid. Et votre répertoire classique… J'ai déjà joué plusieurs fois en Algérie. A Alger et Tizi Ouzou. Et pour Constantine, ce sera la première fois pour moi. Du Rachmaninov, le 2e concerto. Tchaïkovsky, aussi. En Chine, j'ai joué du Mozart sous la direction de l'Orchestre symphonique national (OSN). J'aime retrouver d'autres publics et places en Algérie. Et je remercie l'OSN de me donner cette chance. En tant que musicienne, réalisez-vous votre propre musique ? Le mois d'août 2016, je sortirai un album avec un contrebassiste. Le CD sera distribué en Espagne et en Europe. C'est toujours de la musique classique… Oui, il y a du Giovanni Bottesini. Du tango, Astor Piazzolla. De la musique espagnole avec Falla. Mais avec une conception classique et une certaine liberté. Je pense que cet album est très bon, sans prétention. Je pense l'éditer en Algérie, s'il existe une opportunité. Peut-être mettre à contribution des instrumentistes et artistes algériens dans vos futurs projets… Oui, cela me tente. Je peux jouer et m'essayer à d'autres styles issus du patrimoine musical algérien. Oui ! Toujours en jouant et suivant la partition. Mais je peux aussi improviser (rire). Aujourd'hui, c'est votre anniversaire. Alors que de belles et bonnes choses… Merci infiniment. Cela me touche. Et puis jouer à Alger, en Algérie, le jour de mon anniversaire, c'est mon plus beau cadeau.